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mercredi 9 février 2011

OWNI, Leaks » Page » Wikileaks

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Le procès de Julian Assange
Posted: 09 Feb 2011 09:19 AM PST
En publiant des télégrammes diplomatiques sur les drôles de missions confiées à des diplomates américains, sur les dictateurs du Moyen-Orient ou sur la mafia italienne, WikiLeaks a ouvert une boite de Pandore. L’humanité est alors entrée dans un nouvel âge, l’âge de la transparence.

Et les projecteurs se sont braqués sur Assange. Est-il celui que le monde attendait ? Ce n’est sans doute pas l’avis des deux Suédoises qui essaient d’obtenir son extradition pour “mauvaise conduite sexuelle”. Cette affaire, personnelle, a rejailli sur WikiLeaks obligeant Assange à défendre sa crédibilité et, ironiquement, sa vie privée.

Assange, héros ou criminel ? Récit de deux jours de procès à Londres par l’envoyée spéciale d’OWNI à Londres (en version originale sur owni.eu)

[8h00 - Jour 1] Chez WikiLeaks, nous connaissons la différence entre le secret et la vie privée

L’année dernière en août, Assange était au sommet du monde. Il défiait la superpuissance américaine avec les warlogs afghans, suivis de la plus grande fuite de documents diplomatiques de l’Histoire. Il était une superstar en Suède, où il donnait des interviews et tentait d’obtenir un permis de séjour. Aujourd’hui, il fait tout pour ne pas retourner dans ce pays.

Pendant l’été dernier, il a eu des relations sexuelles avec deux femmes, connues sous le nom de Miss A et Miss W. Ces deux femmes prétendent qu’elles ont été violées ; l’une pendant qu’elle dormait ; l’autre en assurant que Assange aurait volontairement déchiré le préservatif. Ces deux femmes cherchent à faire extrader Assange du Royaume-Uni vers la Suède pour qu’il y soit jugé, réveillant ainsi un scandale qui continue d’affecter la crédibilité de WikiLeaks.

Les projecteurs se sont alors pointés sur Assange, mais cette fois-ci avec un éclat sinistre. Après avoir été arrêté par la police londonnienne, une audience préliminaire a eu lieu lieu le 11 janvier. L’avocat d’Assange y dévoilait la structure de son argumentation contre l’extradition de son client : “il n’a pas été accusé d’un crime, en raison de failles dans l’accusation des procureurs suédois – et parce qu’une extradition pourrait le conduire tout droit à la baie de Guantanamo ou dans le couloir des condamnés à mort”.

Alors que le scandale a provoqué l’indignation des organisations féministes qui insistent pour qu’Assange soit présenté devant la justice, Assange prétend de son coté que l’affaire n’est qu’un coup politique. Quelques jours avant l’audience, il publie une vidéo pour ses supporters, faisant valoir son droit de tenir les gouvernements responsables sans encourir de poursuites:

Nous croyons au pouvoir transparent, pas en la transparence du peuple.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

[8h15] Et WikiLeaks ?

Tout au long de l’affaire de l’extradition, Assange a toujours été clair sur le fait que WikiLeaks continuerait de publier les mémos diplomatiques. Samedi dernier, le site a publié pas moins de 800 documents diplomatiques. Est-ce que ces publications ont un lien avec l’audience d’aujourd’hui ? Probablement, étant donné qu’il semble difficile de cloisonner totalement l’affaire du “viol” avec le travail de Assange chez WikiLeaks.



Le Guardian a aussi examiné les conséquences des mémos diplomatiques à travers le monde, et comment cela a affecté la communauté internationale à l’aide d’un documentaire vidéo.

[9h42] L’extradition vers les Etats-Unis est-elle une option envisageable ?

Selon Assange et son équipe juridique, la possibilité d’une extradition vers les Etats-Unis existe si la Suède gagne cette procédure. Est-ce une réelle possibilité ? Dans la plupart des pays européens, il est illégal d’extrader quelqu’un vers un pays où la peine de mort est autorisée. Mais cela sera-t-il suffisant poids face à l‘argument de “terrorisme” ? Selon notre journaliste Federica Cocco :

L’Angleterre et les Etats-Unis ont signé un traité d’extradition rapide en 2003 afin d’accélérer le transfert de terroristes suspects. Depuis Avril 2007, 23 personnes ont été extradées de l’Angleterre vers les Etats-Unis.

Par le passé, la Suède a déjà extradé des personnes vers les Etats-Unis.



Par conséquent, en dépit des normes européennes, le sort d’Assange reste incertain sur ce point.

[10h14] Le calme avant la tempête



[10h47] Le cirque médiatique

Avec le déclenchement de l’affaire WikiLeaks et ses suites, il est difficile de traiter cette audience sur le mode particulier, sans la placer dans son contexte. Pour le commun des mortels, une telle audience n’agiterait pas les médias. Mais il est certain que l’intérêt pour cette affaire n’est pas tant de savoir ce qu’Assange a fait ou pas, mais plutôt de savoir qui il est en tant que célébrité.



[11h15] L’audience commence

Tout le monde est à sa place, Assange semble détendu dans la salle d’audience. Le juge Howard Riddle vient de confirmer le nom d’Assange et son adresse, donnant ainsi le départ de l’audience. Apparemment, l’audience sera enregistrée, ce qui est inhabituel. Peut être est-ce une mesure de précaution parce que la justice s’est prise les pieds dans le tapis par le passé (des vices de procédure ont été relevé) ?

La baronne Helena Kennedy défendra Assange aujourd’hui alors que Clare Montgomery représente l’accusation. Alors que les deux plaignantes ont été nommées lors de la précédente audience préliminaire, celles-ci continueront à être évoquées sous les noms de Miss A et Miss B.



Pour rappel, Miss A accuse Assange de trois agressions sexuelles tandis que Miss B l’accuse de viol (au sens très spécifique que définit la loi suédoise).

[11h37] Assange extradé seulement pour un interrogatoire ?

“La définition du viol en Suède est la violation délibérée de l’intégrité sexuelle d’une femme par la pénétration”, affirme Clare Montgomery. “Dans le cas de Miss W, M. Assange a eu un rapport sexuel avec elle et a profité du fait qu’elle était endormie”. Elle poursuit pour indiquer que M. Assange avait conscience que Miss W ne consentirait à avoir un rapport sexuel que de manière protégée, ce qui est apparemment aussi une infraction au regard de la loi anglaise. Du coup la question est de savoir si l’affaire doit être traitée au Royaume-Uni ou en Suède.

Mais ce que dit la défense, c’est que l’accusation n’a pas vraiment apporté de charges, mais demande plutôt l’extradition afin de procéder à un interrogatoire. Si tel était le cas, cela serait un abus de mandat d’arrêt européen. Montgomery précise sa position en expliquant que “ce mandat d’arrêt remplit sans aucun doute toutes les conditions requises par les directives européennes”, car il y a une intention d’accusation.

Selon la procédure légale, il doit y avoir un interrogatoire après l’extradition. “Le tribunal ne peut pas confirmer que sa présence n’est requise que pour un interrogatoire.” détaille Montgomery, ce qui signifie qu’il y a une forte intention de l’inculper pour agression sexuelle. Sur les sept points de défense d’Assange, le deuxième vient d’être renversé.



[12h06] L’extradion vers les USA est-elle possible ? (part 2)

Montgomery continue son accusation:

Il est impossible de prétendre qu’un procès juste ne puisse avoir lieu en Suède, puisque le pays a signé les conventions des droits de l’homme. En ce qui concerne la menace d’être extradé vers les Etats Unis, cette plainte ne repose que sur des hypothèses… sans substance ni fondés sur des événements factuels. Donc, dans le cas où l’extradition vers les USA serait demandée, le Royaume-Uni pourrait intervenir.

En résumé, Montgomery abat la défense d’Assange en expliquant que l’extradition vers les USA n’est qu’une théorie visant à obtenir du soutien.

Pour la défense d’Assange, Robertson a affirmé que si le procès devait avoir lieu en Suède, il serait impossible d’avoir un procès juste en raison de la politique de la justice suédoise qui consiste à empêcher les médias d’accéder à la salle d’audience. “Vous ne pouvez pas avoir un procès juste si la presse et le public sont exclus du tribunal. C’est ce qui arriverait si le procès devait avoir lieu en Suède“, affirme-t-il avec insistance : “En raison du danger de préjudice dans ce cas particulier, il est plus important que le procès soit totalement ouvert.” Robertson au aussi signalé le fait que la Suède a de très mauvais précédents en matière de traitement des détenus étrangers, et a d’ailleurs été critiqué par la commission européenne.



[12h30] Définition du viol, Suède vs. Angleterre

Selon la défense, “aucune de ces charges ne prétendent qu’Assange ait raisonnablement cru que la femme ne consentait pas.” Ce qui est intéressant ici, c’est que Robertson utilise le terme de “charges” plutôt que d’”allégations”. Cela indique-t-il que l’équipe juridique d’Assange reconnait l’argument précédent de Montgomery ?

Robertson poursuit :

L’accusation décrit la charge comme un “délit mineur”. Ce qui est une contradiction des termes. Le viol en Angleterre n’est pas un délit mineur et entraine des peines d’un minimum de cinq ans. Soit les allégations sont qu’il y a eu abus dans la relation, soit manque de consentement, ou les deux.

Ainsi, Robertson résume : ce qui est considéré comme un “viol mineur” sous la loi suédoise n’est pas un viol dans les autres pays.

Robertson affirme qu’il y a eu trois relations durant la soirée : “pas moins de trois rapports sexuels consentis.” Lors du quatrième et controversé rapport, elle pense qu’il n’a pas mis de préservatif, et le laisse finalement continuer, allant même jusqu’à en blaguer (même s’il n’est pas clair que l’humour était mutuel ou si Assange tentait de dédramatiser la situation).

[12h56] Controverse sur le mandat d’arrêt européen



L’essentiel de la défense repose sur la mauvaise utilisation du mandat d’arrêt européen. Le 20 août, en plein milieu de l’interrogatoire d’Assange, le procureur a fait savoir que Assange faisait l’objet d’une investigation. La presse contacta la plaignante, qui confirma la procédure, ce qui est illégal au regard de la loi suédoise.

Après que l’affaire ait été classée, Mme Ny décida de se réengager dans l’enquête. Le 14 Septembre, un représentant de Assange demanda à Mme Ny si elle voulait poursuivre l’affaire. Cette dernière laissa le temps passer avant de notifier à Assange qu’il devait être interrogé à nouveau. Quand on lui demanda si Assange pouvait être interrogé par Skype ou à quel moment ils pouvaient fixer un rendez-vous avec Mme Ny, elle rejetta les suggestions. D’après la défense, Assange était prêt à être interrogé pendant cinq semaines, mais Mme Ny n’a pas donné suite.

Mme Ny affirma qu’elle était autorisée à lancer un mandat d’arrêt européen (MAE), et appela elle-même le “directeur des poursuites publiques”. L’avocat d’Assange demanda si Marianne Ny avait le droit de délivrer un mandat d’arrêt européen, puisque le mandat d’arrêt doit être émis par une autorité officielle autorisée et non par des citoyens privés. Il affirma également que le mandat d’arrêt européen était émis pour un interrogatoire seulement, et non pour les chefs d’accusation contre Assange. Robertson expliqua en effet qu’ “à ce stade, Mme Ny pouvait elle-même être remplacée par le procureur général. Nous n’étions pas au stade où Assange était irrévocablement assigné en justice. Comment peuvent-ils lancer un mandat alors que Assange n’a été qu’interrogé sans charges ?”

[13h55] Le premier témoin : Britta Sundberg-Weitman

Le premier témoin pour Assange est Britta Sundberg-Weitman, qui est un juge d’appel suédois à la retraite. En 1981, elle a été promue à la Cour d’appel, mais elle a pris sa retraite en 2001 et a une carrière universitaire depuis. La suite est une transcription rapide de l’interrogatoire de Robertson:

Robertson : Que pensez-vous de la procédure visant Assange ?

Britta Sundberg-Weitman : Extrêmement étrange. Ma spécialité est le droit administratif.

Robertson : Qu’avez-vous vu en relation avec l’autorité de la loi ?

Britta Sundberg-Weitman : Elle était dans l’obligation de ne pas confirmer qu’Assange était visé par une enquête. C’est une entorse dans la confidentialité, bien qu’elle ne puisse pas être attaquée parce que chacun est libre de s’exprimer. Ce n’est pas une bonne chose mais ça ne contrevient pas avec le droit suédois (Il continue et dit que les réactions contre Assange étaient hostiles en Suède, la plupart des gens considérant comme acquis qu’il a violé deux femmes). Ny en particulier est “contre les hommes”.

Robertson : Il semblerait que Mlle Ny soit en faveur de l’enfermement d’hommes innocents ?

Britta Sundberg-Weitman : Hé bien, je ne pense pas qu’elle aime ça… Honnêtement, je n’arrive pas à comprendre son attitude à l’encontre d’Assange. Ca a l’air malveillant. Il aurait été si simple de l’avoir entendu alors qu’il était en Suède. Elle aurait pu être d’accord pour l’entendre au téléphone, en vidéoconférence etc.

Robertson : Les procureurs sont-ils autorisés à entendre les suspects au téléphone ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui, c’est dans le manuel. C’est recommandé. Il n’y a aucun règle spécial de droit contre les interviews vidéos.

Robertson : Rien ne décourage l’utilisation d’interviews téléphoniques.

Britta Sundberg-Weitman : Tout à fait. Elle veut qu’il revienne en Suède, peu importe ce qu’il dit. Je pense que son but est qu’il soit arrêté et peut-être qu’il souffre pour qu’il devienne plus tendre.

Robertson : Elle a demandé qu’il soit détenu au secret ?

Britta Sundberg-Weitman : Je suis surpris, la décision ne le dit pas.

Robertson : C’est dans la décision du tribunal d’instance. Est-ce normal ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui, c’est normal. Il ne faut pas que la possibilité d’influencer les témoins lui soit donnée.

Robertson : Qu’en est-il de l’entraide judiciaire ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui, c’est une possibilité, il existe un manuel spécial à ce sujet. Quand le suspect est à l’étranger, l’entraide judiciaire est possible. C’est régulé par une convention et c’est encouragé.

Robertson : Il y a une règle qui dit que l’enquête préliminaire doit être menée aussi rapidement que possible, n’est-ce pas ?

Britta Sundberg-Weitman : Ah oui, c’est une partie très importante de la procédure. Très souvent, elle n’est pas du tout respectée et rien ne se passe.

Robertson : Est-il important en Suède pour les procureurs de demander au suspect s’il veut que des preuves soient examinées ou des témoins interrogés ? Est-il nécessaire pour le suspect que toutes les preuves lui soient montrées ?

Britta Sundberg-Weitman : OUI, une fois qu’ils décident de le poursuivre. Je pense qu’avant de décider de le poursuivre ils doivent montrer toutes les preuves au suspect.

Robertson : La décision de délivrer un mandat d’arrêt est-elle une entorse au principe de proportionnalité ?

Sundberg Britta-Weitman : Oui. Une autorité ne doit jamais utiliser des moyens plus sévères que ce qui est nécessaire. Ce principe n’a pas été respecté du tous. Je ne pense pas que vous puissiez faire plus de mal à une personne que cela a été fait dans ce cas. Il est connu dans le monde entier comme un violeur !

Robertson : Le mandat d’arrêt européen implique qu’il devra aller en Suède, être détenu au secret et aura un procès à huis-clos ?

Sundberg Britta-Weitman : Oui.

Robertson : Pensez-vous que c’est devenu une question politique en Suède ?

Britta Sundberg-Weitman : Tout à fait, tout à fait.

Robertson : Les attaques de M. Bergstrom contre M. Assange ont été largement rapportées.

Sundberg Britta-Weitman : Oui.

[15h24] Contre-interrogatoire de Montgomery

Montgomery vient de terminer son contre-interrogatoire, et l’échange pourrait nuire gravement au témoignage précédent de Britta Sundberg-Weitman. Tout au long de l’examen on aurait dit qu’il y avait des problèmes avec la traduction, comme l’anglais n’est pas la langue première de Britta Sundberg-Weitman. En résumé, il semble que Britta Sundberg-Weitman ait admis l’interprétation de Montgomery selon laquelle Mme Nye peut émettre un mandat d’arrêt européen en vertu du droit suédois. De plus, Montgomery aurait essayé de prouver que Hurtig savait et avait eu accès aux preuves malgré les affirmations de la défense.

Voilà une transcription rapide des événements par notre correspondante via Twitter :

Montgomery : Diriez-vous que vous êtes une experte du droit pénal suédois ?

Britta Sundberg-Weitman: Hé bien, j’ai une expérience de plus de 30 ans.

Montgomery : Sur quels faits fondez-vous votre opinion ?

Britta Sundberg-Weitman : Des faits.

Montgomery : Est-ce seulement ce que vous a dit l’équipe de défense d’Assange ? Savez-vous vous-mêmes de façon certaine ce que le procureur a fait en engageant les poursuites ?

Britta Sundberg-Weitman : Non, j’ai suivi depuis le début ce que le procureur a dit en public.

Montgomery : Avez-vous connaissance de la communication de Mlle Ny entre le procureur et M. Hertig avant qu’Assange quitte la Suède ?

Britta Sundberg-Weitman : Non.

Montgomery : Ceci est une question hypothétique. Si en tant que juge on vous avait dit que le procureur avait contacté l’avocat du défendeur, et l’avocat avait dit qu’il ne pouvait pas contacter le suspect, auriez-vous des raisons d’entamer des poursuites ?

Brita Sundberg-Weitman : C’est très hypothétique en effet. Ce serait un cas différent du cas présent.

Montgomery : Sur la seule base de ce que vous avez entendu de ce qui est arrivé. Mme Ny n’a demandé un mandat que parce que, lorsqu’elle a contacté l’avocat d’Assange, elle n’a pas obtenu de réponse.

Britta Sundberg-Weitman : Je ne peux pas tenir comme un fait que Mme Ny a refusé de fournir à Assange et ses avocats les informations nécessaires.

Montgomery : Avant qu’un procureur puisse obtenir un mandat d’arrêt, elle devait aller au tribunal. Ny est allée au tribunal d’instance de Stockholm. Elle est aussi allée à la Cour d’appel.

Britta Sundberg-Weitman : Ny a tenu pour acquis que rien ne changerait. C’est irrespectueux envers la Cour d’appel.

Montgomery : La cour d’appel de Svea a estimé que l’émission était proportionnelle.

Britta Sundberg-Weitman : Il n’y a pas beaucoup de juristes en Suède qui s’intéressent à ce principe légal. La plupart des avocats et des juges suédois pensent que le principe de proportionnalité repose sur l’intuition. Pourtant ce n’est pas exact.

Montgomery : Pensez-vous que c’était à vous de dire à la cour de Svea et à la court d’appel votre point de vue ?

Britta Sundberg-Weitman : Mais pour moi il était évident qu’ils se trompaient.

Montgomery : Êtes-vous d’accord que le tribunal de Svea et le tribunal d’instance aurait été en contact avec Mlle Ny et l’avocat d’Assage ? Le tribunal d’instance et la cour d’appel aurait-ils été en contact avec l’avocat d’Assange ? M. Hurtig était-il au tribunal de Svea et au tribunal d’instance ?

Britta Sundberg-Weitman : Il a été demandé à Mlle Ny de s’expliquer avant la Cour d’appel et elle avait deux jours.

Montgomery : Hurtig était-il là ou non ?

Britta Sundberg-Weitman : Je ne pense pas, mais je n’ai pas regardé ce détail particulier.

Montgomery : La question de la détention provisoire ou de la caution était-elle sous le contrôle du tribunal ?

Britta Sundberg-Weitman : Nous n’avons pas de système de caution en Suède. Il aurait dû être enfermé ou bien informer la police de ses déplacements comme il le fait maintenant.

Montgomery : La Suède est-elle dotée d’un système judiciaire indépendant et impartial ?

Britta Sundberg-Weitman : J’ai bien peur que ma réponse soit non.



Montgomery : Y’a-t-il une pluralité de points de vue d’autres experts parmi lesquels considèrent la Suède capable de délivrer un jugement impartial ? La Suède accepte-t-elle la juridiction obligatoire de la Cour de Strasbourg ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui.

Montgomery : Autre question hypothétique. Si la décision de poursuite Assange avait été prise, Mlle Ny avait le droit de délivrer un mandat d’arrêt, n’est-ce pas ?

Britta Sundberg-Weitman : En vertu du droit suédois, oui.

Montgomery : Pensez-vous que le cadre des directives dise que le droit d’émettre un mandat d’arrêt européen en Suède ne survient que lorsqu’on a pris une décision finale de poursuivre le la poursuivre la peine privative de liberté ? Je suggère qu’il n’est pas nécessaire d’atteindre un stade particulier dans les procédures à condition que le procureur ait émis un mandat d’arrêt.

Britta Sundberg-Weitman : Vous avez peut-être raison.

Montgomery : Êtes-vous d’accord que le procureur avait assez de preuves pour qu’il ou elle puisse entamer des poursuites ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui.

Montgomery : S’il y a assez de preuve pour justifier une condamnation, alors il est justifié de poursuivre en justice ?

Britta Sundberg-Weitman : Oui.

[16h10] Britta Sundberg-Weitman à nouveau interrogé par Robertson

Roberston commence son réexamen en demandant à Britta elle pensait qu’il était acceptable pour Mme Ny de descendre les tentatives de Assange de prendre contact avec Mme Ny. Britta confirme que ça ne l’est pas. Britta a ajouté que Ny avait le droit de délivrer un mandat d’arrêt européen en vertu de la loi suédoise, elle n’était pas autorisée à le faire en vertu du droit européen.



[17h01] Témoin suivant: Gorun Rudling

“Ma langue maternelle est le suédois, et si je ne comprends pas la question, je vais vous demander à nouveau,” commence Gordling. “Êtes-vous un supporter de WikiLeaks ou d’Assange?”, demande Sven-Erik Ahlem, l’un des avocats d’Assange. “Non, je ne le suis pas, je pense que lorsque vous devriez faire attention lorsque vous faites fuiter des informations”.

Rudling continue en racontant comment l’histoire de Mme A n’était pas été tout à fait exacte. Apparemment, il avait contacté la police et les avaient informés que Mlle A. avait supprimé de son compte les tweets qui prouvaient qu’elle était heureuse dans la société d’Assange. Elle l’avait tweeté après le 13 et le 14 août, les jours autour desquels le délit a eu lieu.

Mlle A avait montré son intention de nuire en publiant un manuel de vengeance en sept étapes. Dans ce document, elle a conseillé: “Souvenez-vous quels sont vos objectifs pendant que vous opérez, vérifiez que votre victime souffre de la même manière qu’il vous a fait souffrir.”

Le reste de sa déclaration écrite peut être consulté en ligne.

[17h20] Contre interrogatoire



“Quelles preuves avez-vous vues sur la poursuite exactement?”, demande Montgomery en premier. Elle indique ensuite que, même si Rudling avait lu plus de 100 pages de preuves, ce n’était pas le fichier de police, mais seulement les documents qui ont été envoyés à Assange. Par ailleurs, elle demande si Rudling sait pourquoi Mme A avait supprimé ces tweets précédents. Quand Rudling dit qu’il n’est pas certain, Montgomery a clarifié que les tweets avaient été supprimés pour éviter l’attention des médias et de lui permettre de conserver un statut anonyme.

Rudling est ensuite révoqué et l’audience suspendus pour le reste de la journée.

[17h51] Déclaration d’Assange après le premier jour

Alors que Julian Assange essaie de faire sa déclaration, une femme crie: “Pas de justice, pas de paix!” et la police intervient. Assange continue :

Une boîte noire a été posée sur ma vie. A l’extérieur de la boîte noire a été écrit le mot “viol”. Cette boîte, grâce à un procès ouvert, est maintenant en train de s’ouvrir.

Ce sont les brefs mots qu’Assange a donné aux médias, avant de sortir. Le procès reprendra demain à 10h. En attendant, les avocats d’Assange ont publié l’ensemble de leurs documents au public.

[18h33] Où sont les manifestants?

Depuis ce matin, le fan club d’Assange n’a pas grossi à l’extérieur de Belmarsh Cour. Il y avait peut-être plus de pancartes, mais pas un plus grand nombre de supporters :



Peut-être que le supporter type d’Assange et de WikiLeaks préfère les rassemblements aux sittings à l’extérieur d’un palais de justice pendant toute la journée.

Il ne fait aucun doute que Julien Assange est capable de rassembler les foules. Hier, à Syndey, un très grand nombre de ses compatriotes ont organisé un rassemblement pour WikiLeaks. Le groupe de ce soir montrera-t-il le même enthousiasme ?

[19h00] Premier jour du procès d’extradition de Julian Assange – Un résumé

Au cours du procès préliminaire le mois dernier, nous nous sommes arrêtés aux principales remarques de l’équipe juridique d’Assange. Une réclamation majeure était que le recours à un mandat d’arrêt européen était abusif, puisque l’accusation semble juste vouloir interroger Assange plutôt que de lui intenter un procès. Clare Montgomery du ministère public a balayé ces arguments en disant que l’intention était suffisante pour poursuivre en justice Assange et que l’utilisation du mandat d’arrêt européen était légale selon la loi suédoise. De plus, elle a rejeté l’idée que Assange pourrait être extradé vers les États-Unis.

La défense a présenté deux témoins aujourd’hui. Le premier était Britta Sundberg-Weitman, un juge suédois à la retraite. Elle a témoigné que cette affaire était “extrêmement étrange” étant donné que les revendications de comportement sexuel inconvenant n’ont pas été faites de bonne foi. Montgomery a contrecarré en invoquant des subtilités techniques entre le droit suédois et le droit européen.

Le deuxième témoin a été Gorun Rudling, qui avait des informations pour contredire le récit de Mme A. Il a affirmé que la femme a mis un plan de vengeance en ligne et a supprimé les messages twitter qui montraient sa satisfaction concernant son travail à WikiLeaks.

Dans l’ensemble, cette affaire repose sur l’interprétation du MAE. Le droit international est compliqué à cause de l’imbrication de pays souverains qui ont compétence égale pour interpréter des questions juridiques. L’interprétation du droit international de la Suède va-t-il s’appliquer au Royaume-Uni ? Découvrez-le demain pendant la deuxième journée du procès d’extradition d’Assange.

[09h30] Suivi du rassemblement de la nuit dernière

Bienvenue dans la seconde journée du procès d’extradition de Julian Assange ! Avant l’affaire commence dans un peu plus d’une heure, nous sommes en mesure de clarifier certaines informations relatives aux événements qui se sont déroulés après l’audience hier. Après le premier jour de l’affaire d’extradition, Julian Assange a fait cette déclaration:

Depuis les derniers cinq mois et demi, nous avons été dans un état où une boîte noire a été posée sur ma vie. A l’extérieur de la boîte noire a été écrit «viol» le mot. Cette boîte, grâce à un procès ouvert, est maintenant ouverte. J’espère que nous verrons au cours de la journée suivante que cette boîte est en fait vide et n’a rien à voir avec les mots qui sont écrits à l’extérieur. Nous avons pu le constaté aujourd’hui et je tiens à remercier ceux qui me soutiennent et mes avocats de continuer à m’aider.

Hier soir, le soutien à Wikileaks a continué avec un rassemblement de défense de WikiLeaks organisé par Stop the War. Plusieurs intervenants importants ont prononcé des discours passionnés sur la liberté d’expression. Dans l’introduction de Tony Benn à la manifestation (vidéo), il a déclaré: «L’exigence de démocratie s’exprime partout dans le monde … WikiLeaks est un exemple très clair de comment cette bataille peut être gagnée.”

[11h58] Premier témoin

Le procès a finalement commencé une heure après l’heure prévue, avec Sven-Erik Alhem comme premier témoin. Alhem était un ancien procureur général suédois qui a critiqué les erreurs commises dans l’enquête précédente d’Assange. Lors de l’interrogatoire, il a fait les remarques suivantes :

1. La convention européenne confère des droits très importants aux suspects d’un crime : “Le suspect a le droit d’être informé dès que possible et en détail du contenu des poursuites. Il ou elle doit avoir la possibilité de donner sa version des faits et de commenter ce qui a été dit par l’autre partie. Une règle d’or quand il s’agit de poursuites criminelles est que les deux parties doivent être entendues.”

2. Il est possible (mais pas courant) de mener des entretiens à l’étranger si une rencontre en personne n’est pas possible.

3. Alhem estime que l’accent a été trop mis sur la question des pistes fermées dans les tribunaux en Suède. “À mon avis, l’accent a été trop mis sur la question du huis clos. Cela sert à contrebalancer les positions dans lesquelles se trouvent les parties. J’ai débattu de la question, l’avantage du huis clôt est que vous n’avez pas besoin rendre publiques les embarrassantes déclarations des demandeurs… J’hésite sur cette question.”

Après un premier interrogatoire, Clare Montgomery a mené le contre interrogatoire. Avant qu’elle commence à interroger Alhem, elle a demandé à M. Hurtig de quitter la salle.

Montgomery: Les déclarations faites par Mme Ny et Hurtig – les avez-vous lus ?

Alhem: Non je ne les ai pas lues, mais je n’ai rien dit à leur sujet.

Montgomery: Pensez-vous qu’il aurait été important de les comprendre avant de se faire une idée des actions de l’accusation ?

Alhem: Je pense que cette question devrait être posée à Hurtig, on m’a demandé de donner mon avis sur les questions relatives à la convention européenne. Je ne pense pas qu’il y ait un problème avec le mandat d’arrêt européen (MAE), s’il est vrai que la justice n’était pas en mesure d’interroger le suspect. Si cette audience ne répondait pas aux attentes, alors vous avez encore la possibilité d’utiliser le MAE. Pour éviter tout malentendu, vous pouvez avoir une opinion sur la façon dont M. Assange traite cela. Si j’étais à – comment dire en anglais – à sa place, je serais allé en Suède. Je pense que ça aurait été important de lever tout soupçon sur mon nom.

Montgomery poursuit en lisant le témoignage officiel de Miss Ny pour le témoin (à lire en intégralité sur owni.eu).

Alhem a répondu que si les événements étaient sous sa propre juridiction, il aurait placé Assange en détention immédiate. “Pour être honnête, ces informations ne correspondent pas aux informations que j’ai reçues. J’ai entendu parler d’une audience qui a été reportée parce qu’un policier était malade, auquel cas il aurait été très facile de prendre des dispositions pour un nouvel entretien.” Néanmoins, quand il a tenté de clarifier son point de vue sur la proportionnalité juridique et son droit d’être interrogé au Royaume-Uni, Montgomery l’a congedié car il ne répondait pas à la question posée.

L’interrogatoire se poursuit pour préciser les points suivants :

1. Le mandat d’arrêt européen était une méthode acceptable pour trouver Assange si les échantillons d’ADN étaient un élément nécessaire de l’interrogatoire.

2. Que l’audition en Suède soit publique ou à huis clos est entièrement à la discrétion du système juridique suédois, bien qu’il soit possible pour les juridictions européennes de faire appel.

3. Il serait impossible pour les États-Unis d’extrader Julian Assange sans déclencher “une tempête médiatique.”

L’avocat de Assange commence le contre-interrogatoire, lui demandant s’il était possible de préveler les échantillons d’ADN à l’étranger. Alhem réaffirme son opinion : l’échantillonnage d’ADN était une bonne raison pour Julian de retourner en Suède.

Finalement, après un interrogatoire serré, Alhem est renvoyé de la barre et une pause de 10 minutes est décidée.

[14h20] Le procureur général australien répond

Selon WikiLeaks central, le gouvernement australien a répondu à des appels lui demandant de renforcer et d’organiser la défense d’Assange. La lettre dit :

Le gouvernement australien a déclaré que la diffusion à grande échelle de centaines de milliers de documents classifiés du gouvernement des États-Unis est imprudente, irresponsable et potentiellement dangereuse. En ce qui concerne M. Assange, il jouit des mêmes droits que tout autre citoyen australien, y compris une aide consulaire et le droit de retourner en Australie. Le gouvernement ne se livrera pas à un commentaire détaillé sur la question WikiLeaks ou la procédure judiciaire contre M. Assange.

On dirait que Assange est tout seul aujourd’hui, puisque le gouvernement australien veut clairement mettre une certaine distance entre lui et l’homme qui a enragé l’ensemble du monde diplomatique.

[15h30] Bjorn Hurtig monte à la barre : interrogatoire par Robertson

Bjorn Hurtig, avocat Julian Assange pendant la correspondance entre Assange et Melle Ny, monte à la barre pour témoigner. Résumé des événements :

1. M. Hurtig a déclaré que même si cette affaire a déjà beaucoup attiré l’attention des médias, il est peu probable qu’une audience en Suède soit ouverte au public.

2. Assange n’a pas reçu les documents en anglais par le ministère public, ce qui est une violation de ses droits.

3. Il rappelle la difficulté et la confusion qu’il a rencontré pour tenter d’organiser un interrogatoire entre Assange et Mme Ny.

4. Hurtig évoque également certaines des informations classifiées auxquelles il avait un accès limité.

[17h35] Bjorn Hurtig Partie II: contre-interrogatoire

Montgomery interroge le témoin, et a insisté sur le fait que M. Hurtig avait plus de contact avec Melle Ny que son témoignage ne l’indiquait. Après double vérification de ses dossiers, il avait effectivement plus de contact. Montgomery poursuit en demandant l’étendue de ses tentatives d’entrer en contact avec Assange. “Au minimum je lui ai dit de me rappeler. Vous devez tenir comme acquis que je lui ai envoyé des messages” a été la réponse de Hurtig. L’interrogatoire a duré, avec Montgomery mettant l’accent sur le fait que Assange devenait un “homme recherché” et qu’il était de la responsabilité de Hurtig d’informer son client.

L’interrogatoire a abordé la question de l’échantillon ADN. Les deux avocats n’étaient pas d’accord sur le fait qu’Assange avait besoin de revenir en Suède pour l’échantillon :

Hurtig : il était clair à ce moment-là qu’ils voulaient l’interroger, mais au milieu d’autres choses dans d’autres conversations avec Lejnefors, ce n’était pas tout à fait clair qu’il ne pouvait pas être interrogé au téléphone.

Montgomery : Mais vous saviez qu’ils devait prélever un échantillon d’ADN !

Hurtig : Ce n’est pas vrai. Les deux parties ont convenu qu’il y avait eu du sexe, alors pourquoi avoir besoin d’ADN pour le prouver ?

Montgomery : Parce que le préservatif s’est déchiré.

Hurtig : Cela dépend du fait qu’il utilisait un préservatif et du fait qu’il y ait eu éjaculation.

Montgomery : C’est quelque chose que l’on doit établir face à face.

Hurtig : Pourquoi ?

Montgomery : Pour obtenir l’échantillon !

Hurtig : Dans ce cas, pourquoi ne pas passer un test de salive ou un test ADN en Angleterre?

Montgomery : il est possible que les procureurs ne veuillent pas. Il est possible qu’ils veuillent préveler l’échantillon en personne.

Hurtig : Je ne suis pas d’accord. Pensez au cas l’an dernier en Finlande, la police s’est rendue en Suède pour faire un test ADN pour un interrogatoire finlandais.

Montgomery: Vous êtes d’accord que l’absence de test ADN est une faiblesse dans le cas.

Hurtig: Oui, mais à ce moment-là, je n’avais pas de déclaration de Julian donc je ne savais pas quelle était sa position. A voir vos compétences, je pressens que vous auriez procédé de la même façon.

[18h00] Pas de verdict ce soir

Robertson conclut le témoignage d’Hurtig, soulignant qu’il était possible que l’ADN soit prévelé au Royaume-Uni au lieu d’obliger son client à retourner en Suède. Robertson informe le juge que Julian a initialement refusé de donner un échantillon ADN, mais a plus tard admis de le faire de son propre grés. Robertson a aussi demandé à Hurtig pourquoi Melle Ny n’avait pas pu se rendre à Londres pour l’audience d’aujourd’hui, Hurtig a répondu qu’il n’en connaissait pas la raison.

[19h, deuxième jour : après la reprise de l’audition]

Selon le Guardian, Mark Stephens qui appartient à l’équipe de défense d’Assange a défié Ms Ny de venir à Londres pour témoigner en son nom. Il a indiqué qu’elle était prête à mettre Assange sous les projecteurs mais ne voulait pas s’y retrouver elle-même. Assange dit à peu près la même chose :

La journée a été longue. Ce à quoi nous avons assisté était des abus de droits après des abus de droits.

Résumé du jour 2 : L’essentiel du débat a été de savoir qui était responsable de l’échec des communications dans la mise en place d’un interrogatoire d’Assange. Alors qu’il est clair que le ministère public a essayé à plusieurs reprises d’entrer en contact avec Assange, il apparaît qu’il y avait une faille de système du côté de la défense ; Assange était préoccupé par les retombées de WikiLeaks et son avocat n’était pas informé de la gravité de ce cas. Il y avait aussi un désaccord entre les parties sur la nécessité pour Assange de retourner en Suède pour un prélèvement ADN qui pouvait être effectué au Royaume-Uni comme la défense l’a souligné.

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Traduit par Pierre Alonso

Crédits photo: Federica Cocco, Mataparda



[MAJ] Mediapart, 20 Minutes, WikiLeaks et les conditions de la fuite
Posted: 09 Feb 2011 01:00 AM PST
Màj du 9 février, 17h: Au moment de la sélection, Mediapart était en ballotage avec Rue89, ce que confirme Pierre Haski, son cofondateur.

MàJ du 9 février, 16h: Selon une source proche de WikiLeaks, plusieurs dizaines de médias ont été sélectionnés – a priori un par pays – pour cette nouvelle salve de mémos. “Un journaliste péruvien vient par exemple de passer récupérer un module chiffré”, explique-t-elle. Par ailleurs, la même source signale que l’organisation n’a “pas de problème” avec l’existence d’un circuit parallèle, “tant que les journaux impliqués font le nécessaire pour rayer les informations dangereuses”.

Pour la première fois depuis la fin du mois de novembre, et le début de la publication des mémos diplomatiques, WikiLeaks s’est officiellement ouvert à un deuxième pool de médias. Le Guardian, Der Spiegel, El Pais, Le Monde et le New York Times n’ont donc plus le monopole des documents (même si dans le cas du dernier cité, les télégrammes ont été obtenus par ricochet). En effet, comme l’a annoncé lundi soir Edwy Plenel sur TV5 Monde:

Nous allons devenir un des nouveaux partenaires français de Wikileaks avec l’exploitation prochaine de documents.

Le week-end du 29 janvier, le fondateur de Mediapart et son directeur éditorial François Bonnet ont battu la campagne du Suffolk, pour aller rencontrer Julian Assange dans le manoir de Vaughan Smith, le mécène qui l’héberge depuis son arrestation et son assignation à résidence à la mi-décembre. Après quelques semaines de tractations (dont François Bonnet réserve la primeur aux lecteurs de Mediapart) favorisées par un tiers, Mediapart s’annonce donc comme le pendant tricolore de la fameuse “deuxième phase” évoquée en interne par l’organisation dès le début du grand déballage, et sortie du tiroir à la fin du mois de janvier. De source interne, le site a d’ores et déjà les documents en sa possession, alors même que le formulaire de contact promis par Sunshine Press – la représentation légale de WikiLeaks – n’a jamais pu être opérationnel, assommé par le nombre de requêtes.

Interrogé par Associated Press il y a quelques jours, Assange avait de nouveau évoqué son credo, “maximiser l”impact”, et énoncé les conditions de cette nouvelle collaboration, qui devrait rassembler pas moins de 60 titres (à la fin janvier, on en recensait 12, parmi lesquels deux médias australiens, des brésiliens, des britanniques, des japonais, ainsi qu’une radio danoise):

[Il] précise que les nouveaux médias recrutés doivent souscrire aux mêmes règles que celles définies au départ avec le New York Times et les autres. Les journaux sont priés de retirer les noms de personnes qui pourrait être inquiétées par la publication des mémos, les informations susceptibles de menacer des vies, puis de soumettre les versions expurgées à WikiLeaks. Enfin, [l’organisation] s’assure de publier les documents bruts aux même moment que les articles de la presse.

Pourtant, dans un chat vidéo avec des sympathisants le 6 février, le leader de WikiLeaks a livré un point de vue sensiblement différent, s’inquiétant des risques d’une transmission directe d’informations aux rédactions:

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Si seulement les groupes de presse prêtaient attention à ce qu’ils font. Mais selon notre propre expérience, le Guardian et le New York Times ne se préoccupent pas de la protection des sources. En fait, pour le Cablegate, ces deux journaux ont communiqué par téléphone. Ils ont échangé des mémos par email. Le New York Times a contacté la Maison Blanche en amont de la publication de ses articles, et a fait campagne contre Bradley Manning, la source présumée de la fuite. Nous n’avons même aucune certitude qu’ils publient les informations qu’ils reçoivent. Le New York Times a escamoté une histoire sur la surveillance de la NSA, et CBS a fait l’impasse sur les tortures d’Abu Ghraib.

“Biffer, c’est préempter”

Dans ces conditions pour le moins floues, quel est l’intérêt pour Mediapart d’avoir accès à des documents qui ont déjà circulé entre les mains de plusieurs centaines de journalistes? Les esprits taquins commenceront par remarquer que les articles finiront derrière un paywall. Comme l’explique Vincent Truffy, journaliste pour le site, “il y a peu de chances qu’on trouve dans ces mémos des révélations fracassantes”, sans préciser à quelle échéance les premiers articles seront publiés. Pour l’heure, les équipes de Plenel souhaiteraient concentrer le tir sur le Proche-Orient, l’Afrique et bien sûr, la France. Les télégrammes laissés de côté par Le Monde ou une des autres rédactions de la première heure ont par exemple été réclamés.

En décidant d’ouvrir les vannes, WikiLeaks vient pourtant de changer sensiblement la donne. “Dans l’esprit de beaucoup de journalistes, biffer, c’est préempter”, précise Vincent Truffy, c’est à dire que la rédaction qui décide de mettre de côté une information confidentielle s’arroge de facto la priorité pour l’exploiter. Entre Noël et le Nouvel An, Le Monde avait du justifier une omission volontaire, celle d’un mémo qui évoquait les complaisances économiques entre le Gabon de feu Omar Bongo et la classe politique française, en particulier Chirac et Sarkozy (qui avait fini par émerger du côté d’El Pais).

Joint au téléphone par Owni, Rémy Ourdan, qui coordonne le dossier pour le quotidien du soir, avait tenu à rappeler “l’absence de source authentifée”, qui le rendait “impubliable en l’état”. En aparté, certains soutiennent que Le Monde était surtout gêné aux entournures par la démarche de WikiLeaks, préférant garder une bonne portion de mémos pour une publication ultérieure, dans le cadre d’enquêtes fouillées, qui ne seraient plus estampillées WikiLeaks. Avec l’arrivée de nouveaux acteurs, voilà le cycle accéléré, sinon brisé.



La filière norvégienne

Désormais, faut-il conclure que l’embargo a été rompu par la dissémination des documents, ou qu’il a seulement été élargi dans des conditions analogues (ce que prétend Assange)? C’est à ce moment précis qu’il convient de mentionner l’apparition de 20 Minutes dans la boucle française. Propriété du groupe Schibsted, le quotidien gratuit a pu consulter les documents par le biais du journal norvégien Aftenposten, qui appartient au même groupe de presse. A ce jour, on ne sait toujours pas comment les scandinaves ont récupéré les 251.287 mémos, une information que Ole Erik Almlid, le rédacteur en chef, refuse systématiquement de commenter. Interrogé par Slate fin décembre, il restait évasif:

Il nous est impossible de commenter la manière dont nous avons eu accès aux documents. Nous ne donnons jamais nos sources, même dans ce cas de figure.

Dans ce circuit parallèle de la fuite, 20 Minutes n’est pas le premier à croquer la pomme: Die Welt en Allemagne, Svenska Dagbladet en Suède, Politiken au Danemark et Die Standaard en Belgique ont déjà profité de ce deuxième lot. Gilles Wallon, le journaliste de 20 Minutes qui s’est rendu à Oslo début janvier, nous apprend que Schibsted a également proposé les mémos à une dizaine de ses titres, parmi lesquels les exemples précités la version espagnole de 20 Minutes. Wallon en profite pour revenir sur les conditions d’obtention des documents:

Une fois dans leurs locaux, on m’a prêté un ordinateur, sur lequel l’intégralité des mémos était stockée sur un système intranet. Comme l’Aftenposten avait imposé une consultation sur place, j’ai du sélectionner les mémos qui nous intéressaient, les copier dans un document Word, puis les transférer sur une clé USB que nous avons chiffré par la suite. Les Norvégiens avaient même préparé une sorte de guide de publication, avec des règles très claires sur l’utilisation des documents.

Sur son site, 20 Minutes invoque le “droit à l’information pour ses trois millions de lecteurs”, mais que doit-on attendre d’une publication dont l’analyse de documents confidentiels relatifs à la diplomatie ne constitue pas vraiment le coeur de métier? “J’ai surtout privilégié des informations relatives à la politique économique”, explique Gilles Wallon en mentionnant “Dassault et d’autres entreprises du CAC40”. En tout, le journaliste a récupéré environ 250 documents, et il annonce qu’une partie de ceux-ci sera publié au rythme “d’un par semaine pendant quelques semaines”, sans garantie que la majorité d’entre eux soit exploitable. “Nous pensions commencer par un article sur la façon dont Sarkozy voit le monde arabe, mais nous n’avions pas assez de matière”, soupire-t-il. Si, d’après un sondage TNS-Sofres, 24% de Français seulement s’intéressent à WikiLeaks, l’effet de loupe joue à plein: tous les médias veulent y toucher.

Retrouvez l’ensemble de notre travail éditorial et technologique sur WikiLeaks à cette adresse: http://wikileaks.owni.fr

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Crédits photo: Flickr CC Poster Boy NYC, alex-s



Jan Muehlfeit : « Ce siècle n’appartient pas à l’Occident. »
Posted: 08 Feb 2011 11:30 PM PST
Jan Muehlfeit, est le directeur de Microsoft Europe. Il a accepté de répondre à nos questions sur la crise, l’établissement d’un monde multipolaire et les leçons à tirer de ces changements.

L’Ouest a dominé une grande partie du monde depuis la chute de l’empire soviétique. Est-ce que vous pensez qu’avec la crise, des choses vont changer ? En d’autres termes, la crise pourrait-elle menacer ou changer la position de l’Occident ?
Plusieurs choses qui doivent être prises en considération se sont passées ces dix dernières années. D’abord, la mondialisation est en marche. Et elle ne concerne pas uniquement l’Ouest, mais aussi l’Asie et l’Amérique Latine. Il y a 10 ans, les marchés émergents étaient endettés et l’Occident était plus prospère. Les choses sont très différentes aujourd’hui. Les pays asiatiques ont 4,6 trillions de dollars US de réserve financière, 2,6 trillions juste pour la Chine. L’hémisphère Ouest, ce que ce soit l’Europe, l’Amérique du nord ou d’autres pays, est endetté. C’est l’une des choses qui aura un impact important dans le futur.



Un autre facteur est la démographie. La plupart des pays asiatiques, les nouveaux tigres émergents, toucheront comme un dividende démographique. À l’Ouest, et spécialement en Europe, la population vieillit. Cela aura un impact lors des départs à la retraite etc. Enfin, en plus de tout, il y a la crise. C’est pour ces raisons que j’affirme que le XXIe siècle ne sera pas celui de l’Occident. Ce sera le siècle d’une mondialisation équilibrée dans laquelle l’Asie jouera un rôle très important, résultat des tendances démographiques et des dettes occidentales. En plus, et c’est d’autant plus clair quand on regarde beaucoup de pays asiatiques, grâce à leur compétitivité, qui augmente.

Certains affirment que nous faisons l’expérience d’une crise du capitalisme – au moins dans le sens que nous lui donnons en Occident, c’est à dire en connexion avec la démocratie libérale et que ce faisait, nous avons besoin de grands changements. Quelle est votre position?
Je pense que ce que nous vivons n’est pas une crise du capitalisme mais une crise de leadership. Tout les pays occidentaux ne se trouvent pas dans le même bateau. Le Canada par exemple, qui n’a jamais trop assoupli ses régulations bancaires, a très bien supporté la crise. De même, je pense que c’est une bonne chose que nous soyons passé du G8 au G20 car les cartes, qu’elles soient économiques ou liées à l’influence politique dans le monde, ont été récemment redistribuées quelque peu différemment. Ainsi, ces nouveaux marchés ont leur mot à dire. Si le G20 devait résoudre un problème, là tout de suite, c’est trouver comment introduire un équilibre dans les échanges. Car nous ne pouvons pas avoir une situation dans laquelle d’un côté du monde d’énormes surplus sont créés pendant que l’autre côté, lui, amasse toujours plus de dettes. Il y a un besoin de sortir des perspectives idéologiques et d’avoir un regard rationnel sur la situation.

Une autre chose qui je pense doit changer est les modèles que les économistes utilisent pour leurs prédictions. Les êtres humains sont pleins d’émotions. Pourtant, très peu d’économistes se penchent sur la façon dont les gens fonctionnent. C’est pourquoi je crois que nous devons faire bien plus attention à la psychologie et aux émotions qui sont sans nul doute affectées par les crises et le cycle économique.

Vous mentionnez le comportement des gens, qui est souvent l’objet de discussions liées à la crise : est-elle est une crise de la morale et de l’éthique dans les cercles d’affaires comme certains le pensent, montrant du doigt par exemple ce qui a pu se passer notamment dans des banques américaines ?
Adam Smith, un des pères spirituels du capitalisme, écrivait il a 230 ans dans La Richesse des Nations, que l’on peut faire du profit tout en prenant des précautions, les deux cohabitant de manière équilibrée. Je trouve que nous, en tant que société humaine – et c’est particulièrement vrai pour l’Ouest, nous sommes concentrés énormément sur le profit et très peu sur les précautions, le soin d’autrui, de la société et aussi l’attention à porter à la nature. Il nous faut retrouver cet équilibre. C’est lié par exemple à la façon dont on forme aujourd’hui les dirigeants de demain. La plupart des programmes de type MBA enseignent comment faire du profit. Mais des sujets comme faire attention, la viabilité sur le long terme ou comment faire des affaires de manière responsable manquent à l’appel. Cela doit changer. Car si le système capitaliste veut fonctionner – et je pense que c’est le meilleur système qui a été inventé à ce jour – alors l’équilibre entre le profit et les précautions doit vraiment être préservé.

Peut-on éventuellement considérer ceci comme l’un des leçons de la crise actuelle ? Si oui, est-ce que vous pensez que le monde aura retenu la leçon pour la prochaine fois ?
Je suis d’un optimisme incroyable. Quand je parle avec des représentants d’autres entreprises, dans notre secteur ou ailleurs, ils sont sur la même longueur d’ondes. Je suis optimiste grâce à la jeune génération. Grâce aux réseaux sociaux, elle voit plus loin. Elle comprends la technologie bien mieux que la génération actuellement au pouvoir. Cela veut aussi dire que les membres de cette générations seront dans des positions de pouvoir bien plus rapidement que ma génération. C’est l’une des raisons qui fait de moi un optimiste.

Par contre, je suis moins optimiste à cause du fait que ces entreprises soient des entités cotées en Bourse qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires chaque trimestre. Or si nous voulons changer les choses dont nous discutons en ce moment, il nous faut y inclure ces investisseurs et actionnaires, ce qui est loin d’être le cas. Un autre exemple est ce que l’on appelle la mondialisation inclusive, une mondialisation qui marche plutôt bien pour l’Asie mais bien moins pour l’Afrique. Je pense qu’il nous faut un modèle qui intègre ce continent. Tout ceci est lié à la façon dont nous gérons la transition vers un monde multipolaire, représenté par le G20, en rupture avec le monde bipolaire que nous avions jusqu’alors. Ce changement nécessite de notre part une modification complète des comportements et de leadership.



Enfin, subsiste la nécessité de réduire les inégalités entre les riches et les pauvres. Imaginez un peu: en 1945, les pays développés étaient 5 fois plus riches que les pays pauvres. Aujourd’hui, ils sont 45 fois plus riches.

Vous parlez de la venue d’un monde multipolaire. A la lumière de cette idée, est-ce que le monde des affaires va devoir trouver un langage commun à propos du respect de l’éthique et de la morale, ou bien l’Occident ira dans une direction et la Chine, suivie par les autres pays émergents, ira dans une autre ?
Je pense que nous allons voir une sorte de symbiose entre le modèle occidental et ce que l’on appelle le modèle asiatique, et certaines philosophies orientales auront un impact important et positif. Beaucoup de managers occidentaux ont commencé à méditer – sans aucune connotation religieuse. Simplement, c’est une technique qui leur permet de gérer leur stress. Des Asiatiques viennent étudier en Occident et beaucoup de sociétés occidentales font des affaires en Asie. C’est pourquoi on va voir une certaine inter-connectivité.

En ce qui concerne la morale, je suis convaincu qu’au XXIe siècle, un société prospère ne pourra pas échapper à ce que l’on appelle la responsabilité sociale des entreprises, ou RSE. Les entreprises les plus prospères seront celles qui feront le plus pour être les meilleures sur la planète et pour la planète. C’est lié à ce que je disais sur la jeune génération. Par exemple, lorsqu’il y a 10 ans, j’embauchais quelqu’un à Microsoft et que je demandais s’il avait des questions, beaucoup m’interrogeaient sur les indemnités, les bonus, ce genre de choses. Aujourd’hui, il y a plus de question sur comment une entreprise se comporte: par exemple, est-ce qu’elle est active en Afrique depuis longtemps, ensuite vient souvent la question de savoir ce que l’on ferait pour aider l’Afrique à intégrer la mondialisation. Je le répète, si une entreprise veut avoir du succès au XXIe siècle, la RSE doit faire partie intégrante de sa stratégie.

La RSE est souvent présentée comme étant un obstacle pour les entreprises occidentales. Notamment parce que ce sont elles dont on attend un comportement responsable. Les sociétés en Chine ou dans d’autres pays se développant rapidement ne sentent pas la même pression, du moins elle ne vient pas de leurs marchés domestiques. Est-ce que vous pensez que cela va changer ou bien rester à l’identique – quitte à être un certain désavantage pour l’Occident et ses entreprises ?
Je pense que les choses sont déjà en train de changer. Je suis président de l’Academic Business Society, qui rassemble de grosses entreprises et des universités. Cette institution a été fondé en Europe mais c’est désormais une organisation mondiale. Un nombre grandissant de ses membres viennent d’Asie et d’Amérique latine. Notre symposium le plus récent a eu lieu à Saint-Pétersbourg, en Russie. La RSE a commencé à être un thème abordé dans ces pays. C’est aussi le résultat de la coopération entre des marchés émergents et l’Occident. Imaginez plutôt : si vous voulez créer une entreprise prospère, même si vous n’êtes qu’une petite entreprise de République tchèque qui fournit des pièces à Škoda, vous êtes, grâce à l’inter-connectivité de l’économie mondiale, en compétition avec d’autres petites sociétés situées partout dans le monde.

La RSE peut joué un rôle dans cette rude compétition, c’est pour cela que je ne la considère pas comme un fardeau pour les entreprises. La responsabilité sociale des entreprises est pour moi partie intégrante de la stratégie commerciale, une partie sans laquelle il est impossible d’exister.

Pour finir, penchons nous à nouveau sur la crise. L’idéogramme chinois pour « crise » signifie à la fois « danger » et « opportunité ». Est-ce que c’est comme cela que vous voyez la crise – pour Microsoft comme pour l’économie mondiale ?
Absolument. C’est en partie dû aux choses dont j’ai parlé – les dettes, la démographie, la compétitivité. La crise est une opportunité incroyable pour mener à bien les réformes nécessaires. En Europe, il s’agit des réformes des retraites et du système sociale ainsi que la réforme de l’Education qui doit offrir plus de soutien à la créativité et à l’innovation étant donné que l’Europe doit gagner sa vie en vendant des idées. Il est grand temps de faire ses réformes. La question qui subsiste est de savoir si les politiciens européens auront le courage de mener à terme ces réformes. Car il y a parfois de grandes différences entre ce que l’on sait que l’on doit faire et ce que l’on fait. Par exemple, l’Union Européenne a une stratégie pour 2020. C’est tout à fait respectable. Mais il faut la mettre en oeuvre. C’est pour cela que je pense que la crise est l’occasion d’apporter des changements. En plus, les gens, les électeurs, sont beaucoup plus ouverts au changement maintenant. Si ces réformes sont bien expliquées, il y aura les opportunités pour les faire passer. Mais la fenêtre de tir dont nous disposons pour agir est limitée.



Interview réalisé par Roman Chlupaty pour Owni et GlobeReporter.org.
Traduction Thomas Seymat

Crédit Photo Flickr CC : Stuck in Custom / Norges Bank

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