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lundi 13 décembre 2010

Que cache la fin annoncée du zéro stock ?

Que cache la fin annoncée du zéro stock ?
Que cache la fin annoncée du zéro stock ?
Posted by: admin on Déc 12, 2010
Tagged in: économie réelle




Avis aux gestionnaires !

Au vu de la situation sur les marchés des matières premières et de l'instabilité politique qui s'installe, un pan de la logique ultralibérale vient faire naufrage technique : Le zéro stock. La logistique du XXIème sera certainement différente des flux tendus. La « japonisation « de l'économie réelle accentue automatiquement la fragilité systémique de notre tissu économique, nous sommes clairement devant une limite idéologique.Que faut-il voir en arrière plan ?


De fait, la triple condition justifiant la réduction du coût de stockage par passage au flux continu a sauté (voir mon billet plus bas sur la montée des prix du cuivre) :
Stabilité de la monnaie : Nous sommes dans un environnement d'instabilité monétaire.
Stabilité des prix : La spéculation financière fait des ravages en débordant du marché boursier sur le marché des matières premières.
Stabilité politique : Les ruptures des flux et pénuries causée par les troubles à l'ordre public.
Bientôt, la vraie raréfaction de certaines matières et de l'énergie viendra s'y ajouter pour compléter le tableau : Peak oil et situation géopolitique de plus en plus fragile. Les chinois ont bien menacé les japonais de leur bloquer les livraisons des terres rares, il y a un mois à peine. Le sud-est asiatique est une poudrière, le Moyen-Orient est une poudrière, la Russie est un fournisseur lié aux chinois. Les réserves américaines et britanniques seront réservées, en cas de crise, à l'usage national. Notre dépendance stratégique est préoccupante !
Les gestionnaires des entreprises peuvent contrer (dans une certaine mesure) le défaut d'approvisionnement par amortisseur financier, commercial, et par « RH jetable ». Mais dans la durée, l'instabilité politique et les ruptures internationales sur les flux d'approvisionnement ne leur laisseront pas le choix. La reconstitution des stocks s'impose déjà dans certains domaines : Energie, certaines denrées alimentaires et métaux stratégiques. Les ennemis jurés de cette politique, les prêteurs et les actionnaires n'en veulent pas… Pour l'instant, ils font encore une « analyse du bilan » avec des outils qui sanctionnent le stockage.


Ce sont des sujets graves, car le privé s'y mêle et les stocks de matières premières et des hydrocarbures doivent répondre à un impératif de sécurité publique et nationale. Je doute fort, que les fonds d'investissement extraterritoriaux qui possèdent nos entreprises soient prêts à payer pour cela. Au contraire, ils ont tout intérêt à faire barrage pour maintenir la dépendance de l'économie réelle sur les marchés internationaux qu'ils contrôlent : Plus d'exposition à la spéculation internationale et à la chaîne d'approvisionnement internationale équivaut à plus de pouvoir pour les financiers qui la contrôlent aux dépens des instances nationales. La rhétorique d'Hermann van Rompuy est claire : La nation est un danger ! Mais pour qui ?

La question des pénuries et des ruptures d'approvisionnement ne peut être résolue, que par deux dispositifs résolument antilibéraux et antimondialistes :
Une politique de sécurité économique nationale, intégrant la sécurisation des approvisionnements autonome de tout marché situé à l'étranger.
Une reconstitution des réseaux de stockage sur le sol national reposant sur les stocks majeurs à l'échelle territoriale et stocks tampons locaux ou directement dans les entreprises de production.
Il est fort à parier, que l'absence de ces décisions fera des dégâts à l'horizon de deux ou trois années prochaines. Inévitablement, l'approvisionnement sera aussi compliqué que les débouchés, sinon plus. Et pour cause, les entreprises auront de plus en plus de mal à prévoir la livraison ! Le cas de la récente affaire de blocage des raffineries est suffisamment parlant : Les réserves civiles pour faire face à des troubles prolongés n'existent pas et les réserves de l'armée sont ridicules, car ajustées à la taille réduite de l'outil militaire.
Le risque est non-négligeable !
Qui se soucie de ces problèmes ? Qui dispose d'un plan B ? Qui a calculé le coût de l'absence des stocks et de la réintroduction des capacités de stockage à grande échelle ?


La sortie de l'économie du marché pointe le bout de son nez, car il n'y a rien d'autre au bout du tunnel de la crise actuelle. Je l'ai déjà écrit sur l'excellent blog de L. Pinsolle : A défaut de rejeter l'économie régulée, nous aurons une économie administrée. Un choc énergétique, des victimes humaines, chaos. Tout cela est évitable, à condition de commencer au plus vite. Par application d'une vieille loi de notoriété planétaire : 80 % de la solution à ce type de problèmes doit venir de la sphère publique et n'est clairement pas de la compétence de l'entreprise privée. La globalisation des marchés mondiaux se termine sous nos yeux, une sortie organisée est souhaitable et largement préférable à la sortie par le chaos qui résultera inévitablement de tout entêtement ultralibéral. Je suis d'avis, qu'une économie privée régulée vaut beaucoup mieux, que pas d'économie privée du tout.

Que nenni, le Saint Marché est encore là. Dormez bien, braves gens !

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