Pourquoi la monnaie est un élément central de l’alternative ? : TAOA
Pourquoi la monnaie est un élément central de l’alternative ?
Dans ce blog, nous traitons des alternatives concrètes. Vous nous verrez souvent parler de monnaie et de systèmes alternatifs d’échanges pour deux raisons.
La première est que la transformation écologique et sociale ne viendra que par l’éducation populaire autour des mécanismes de l’échange et de son outil, la monnaie, autrement dit par la compréhension et la réappropriation citoyenne.
La deuxième raison est que cette thématique fait l’objet de nos missions en Amérique du Sud. J’ai choisi de me débrancher du système qui me tenait à Paris pour voyager et découvrir les alternatives sur le terrain. Il se trouve que cette partie du continent a vécu de nombreuses souffrances, qu’elle vit aujourd’hui de nombreuses espérances. Plusieurs pays se relèvent d’un électrochoc néolibéral et vivent une vague d’initiatives sociales.
Alors pourquoi plus précisément se battre sur le terrain de l’échange et de la monnaie. Parce que nous avons oublié que l’échange est une construction sociale qui permet aux humains de répondre à leurs besoins vitaux. Les individus s’étant spécialisés dans une production, ils ne disposent pas de tous les produits et services nécessaires à leur bien-être, réel et non pas fabriqué par le marketing. Ils échangent alors les produits de leur fabrication contre d’autres. Comme la valeur d’échange des produits n’est pas la même, par exemple un litre d’huile vaut 30 pains, et comme la personne qui échange l’huile n’a pas forcément besoin de 30 pains, la monnaie entre en jeu et sert à simplifier l’échange en sortant du troc bilatéral.
La monnaie est un outil servant d’unité de compte commune aux individus, unité à laquelle chacun pourra se référer facilement pour comparer les produits et mesurer le juste échange. Elle est un étalon en fonction duquel tous les prix s’expriment.
La monnaie est un moyen d’échange, elle permet de sortir du troc et de différer l’échange physique. Mettons que le pain vaut une unité de ma monnaie. Je vends mon huile pour 30 unités et je pourrai acheter 30 fois une unité de pain chaque jour. L’échange s’est effectué mais il a été différé dans le temps.
La monnaie s’est développée et répandue pour répondre à ce besoin de simplification. Le capitalisme lui a rajouté la fonction de réserve de valeur. Est apparu le besoin de l’accumuler pour elle-même jusqu’à ce que nous vivions les multiples crises financières des dernières décennies.
Les monnaies aujourd’hui ne reposent sur aucun étalon. Avant il y avait l’or, aujourd’hui la valeur des monnaies ne reposent sur rien ou pas grand chose de stable. La valeur d’une monnaie est exprimée par rapport à une autre, les monnaies se font ainsi la guerre. Les pays cherchent à renforcer leur monnaie grâce à la sacrosainte compétitivité, autrement dit en tentant de voler les exportations des voisins plutôt que de s’attacher à garantir la souveraineté alimentaire.
La monnaie ne sert plus en premier lieu l'investissement, la production et l’échange, tout doit servir à la renforcer. Et comme la valeur qu’on donne à une monnaie repose sur la confiance des individus, si celle-ci fait défaut, c’est la crise. C’est ce que vivent de nombreux pays depuis la période ultralibérale ouverte dans les années 1990. Nous avons eu la crise au Mexique en 1994, la crise asiatique en 1997, puis en Argentine en 2001. Aujourd’hui nous avons la Grèce, l’Irlande et peut-être demain toute l’Europe. Les Etats-Unis résistent seulement parce qu’ils vivent à crédit sur les autres pays de la planète, la Chine en tête. Jusqu’à quand ?
14:39 Ecrit par Nabil Rabhi dans Repères |
mardi 18 janvier 2011
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