La «France qui brûle» scrutée par la presse britannique - Libération
extraits :
Le dilemme de Sarkozy
Le conflit porte «autant contre Sarkozy et contre l'establishment que contre la réforme des retraites», analyse The Independent. «Quel que soit l'épilogue de cette affaire, il semble que Nicolas Sarkozy a déjà perdu la bataille du "travailler plus pour gagner plus"», affirme le correspondant quotidien à Paris. Pour ce qui n'est pourtant, selon lui, qu'une «réforme modeste». L'échec, depuis 2007, est patent: «Il avait promis aux Français un gouvernement qui ne se soucierait que d'eux, il a au contraire mené une présidence qui n'a été que le culte du Moi.»
Le Telegraph (conservateur) décrit la situation délicate du chef de l'Etat. «Rehausser l'âge de départ à la retraite à 62 ans est un petit sacrifice, alors que le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Italie et d'autres ont fixé la barrière à 65 ans et envisagent de nouvelles augmentations». «Reculer serait un suicide politique pour Nicolas Sarkozy», explique le journal, d'autant plus pour quelqu'un qui espère affirmer sa stature d'homme d'Etat en dirigeant le G20 et le G8 l'an prochain. «Un éventuel échec à réformer le système des retraites affaiblirait sa position de champion du nouvel ordre économique mondial.» La «chance» du chef de l'Etat pourrait résider dans les «violences urbaines anarchiques», qui favoriseraient sa réputation de dirigeant «sévère contre le crime», selon le journal.
Si Sky News estime que «les manifestations prolongées ont souvent pour effet de faire renoncer les plus ardents présidents», le Financial Times insiste au contraire sur la faible marge de manœuvre de Nicolas Sarkozy: «Les sondages montrent que ses électeurs attendent de lui qu'il reste ferme.»
Le quotidien économique d'obédience libérale enjoint le président français à ne pas laisser les protestataires faire dérailler sa réforme. «Les changements sont nécessaires - pas seulement pour sauver le système des retraites ou s'attaquer au déficit - mais aussi pour sauver la présidence de Nicolas Sarkozy et son idée selon laquelle la France était prête à être réformée». Le FT va même plus loin, puisqu'il estime que le projet gouvernemental n'est pas assez ambitieux et qu'une nouvelle mouture devra être proposée d'ici 2020.
mercredi 20 octobre 2010
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