Assemblée de Corse – Intervention de Nadine Nivaggioni at L'INFURMAZIONE PULITICA CORSA
Published octobre 31st, 2010 in Assemblée de Corse, FEMU A CORSICA (IPC/PNC), NATIONALISTE(S), Nadine Nivaggioni, PULITICA
» Vous avez devant vous une femme affaiblie moralement, psychologiquement ; une femme meurtrie dans sa chair, terrassée par la barbarie d’un acte assassin, révoltée par les méthodes policières, atterrée par les heures dramatiques que traverse la Corse. Chaque semaine, la logique meurtrière tue. Pourquoi ? Pour qui ? Jusqu’à quand ? Jusqu’à quel degré d’horreur ?
Sans verser dans le rappel exhaustif, il suffit de lire la presse de ces derniers jours pour être pleinement édifiés. Ici et là, des tentatives d’homicide et des assassinats alimentent malheureusement la chronique médiatique. Face à ces douloureux évènements qui s’enchaînent, qui se généralisent à toutes les régions de l’île, et qui n’épargnent personne, la Corse demeure globalement silencieuse.
Le corps social qui réagissait massivement il y a encore 15 ans, aujourd’hui se tait ou tout au moins paraît tétanisé. Est-ce l’impuissance ? Est-ce la peur ? Peut-on accepter avec fatalité cet instinct de mort ? Notre classe politique est face à ses responsabilités ; elle ne peut plus se cantonner aux simples incantations tant de fois exprimées.
Faut-il rappeler ici, par exemple, les propos tenus lors de l’assassinat de notre collègue Robert Feliciaggi ? Est-il opportun de souligner toutes les interventions qui suivirent les drames sans cesse renouvelés qui endeuillèrent la Corse ? Ne sommes nous pas d’ores et déjà dans une banalisation ? Je me refuse à y croire. Appeler à la vigilance citoyenne, à la prise de conscience et au sursaut de l’ensemble des décideurs me semble aujourd’hui une démarche indispensable. Aujourd’hui, c’est moi qui suis touchée.
Avant moi, d’autres l’ont été dans cet hémicycle. Combien d’autres le seront encore ? Des dizaines d’épouses, de mères, de filles, de sœurs éprouvent ces mêmes sentiments d’horreur dans un silence assourdissant. Parce que je suis une élue de la Corse, je ne pouvais pas imaginer un seul instant que le fauteuil que j’occupe, soit vide aujourd’hui. Parce que je suis une élue de la Corse, j’ai le devoir pour mes enfants, pour nos enfants à tous, de faire entendre une voix, dans l’espoir que d’autres après moi viennent s’associer à cette prise de conscience vitale.
A cet égard, je vous remercie Monsieur le Président, de m’accorder la parole quelques instants. Depuis 10 jours, des centaines de personnes m’ont apporté leur soutien, leur sympathie, leur affection et vous en êtes. Dans mon épreuve, chaque mot, chaque lettre, chaque visage, chaque étreinte est un moment de réconfort. Au nom de mes enfants, de notre famille et de moi-même, je remercie l’équipe des sténotypistes, le personnel du courrier, le personnel administratif ainsi que vous tous mes chers collègues; Merci pour vos témoignages sincères qui nous ont aidés à supporter notre douleur.
Nous le savons tous, la sécurité des personnes n’est pas une compétence de notre Institution, c’est le rôle cardinal de L’Etat. Remplit-il cette mission ? Nombreux sont ceux qui en doutent au regard des résultats d’enquête. Aujourd’hui, ne sommes-nous pas en droit de nous interroger sur la passivité de la police ? Assure-t-elle vraiment la sécurité des personnes en danger ? Faut-il dire avec la vox populi qu’elle compte les points; Ici, aujourd’hui, on jette aux chiens l’honneur et la vie des hommes.
Nous, qui avons acquis la confiance des corses par le suffrage, nous devons nous emparer de cette question sociétale. Le débat programmé sur le thème de la violence est bien évidemment une initiative que je salue mais il ne doit pas se contenter de circonscrire les causes. Nous devons lui donner un prolongement en tentant de peser résolument et efficacement sur le cours funeste des choses pour donner un sens profond à notre action politique. Au risque d’insister, osons dire qu’il ne devra pas avoir comme limite le sentiment de se donner collectivement bonne conscience. Mais je suis persuadée qu’il n’en sera rien, car notre responsabilité est cette fois ci à l’épreuve des faits. Quelle cité pourrait-on construire si elle est régie par la loi du «tu me gênes, je te tue» ? Posons-nous la question de l’utilité de nos engagements dans une société qui poursuivrait sur les pentes de la dérive.
Est-ce inéluctable ? Qui ici peut le supporter ou l’acceptersans réagir, sans agir ? A l’opposé du pays de la désespérance et des drames, il existe une voie, difficile certes, mais une voie quand même, une voie que nous, élus de la Corse, devons tracer tous ensemble. C’est celle de l’instinct de vie et de tous les jours à venir, que nous devons léguer, sans trembler ni faiblir, à nos enfants, à tous les enfants de la Corse.
Encore merci. «
Assemblée de Corse – Intervention de Nadine Nivaggioni du 28 octobre 2010
dimanche 31 octobre 2010
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