Officiellement, aucun pays d’Europe n’a cherché à vendre des armes à la Libye avant la levée de l’embargo par l’Union Européenne, le 14 octobre 2004. Mais des documents obtenus par OWNI.fr révèlent que la France, de son côté, a cherché à fournir des matériels de guerre à Tripoli longtemps avant cette décision, en 1999. En toute discrétion. Et donc en contradiction avec les résolutions internationales de l’époque.
Cette découverte tranche avec les récents propos du porte-parole du ministère de la Défense, Laurent Teisseire. Qualifiant d’ « extrêmement mineure », la coopération entre les deux pays dans le domaine de l’armement, lors d’un point presse du 24 février dernier. À en croire ses déclarations, cette relation industrielle remonterait à 2007.
Les procès-verbaux de réunions que nous avons obtenus décrivent pourtant des discussions secrètes tenues les 13 et 14 février 1999, à Tripoli, entre les représentants du groupe d’armement français Thales (dénommée Thomson-CSF à cette époque) et l’état-major militaire du Colonel Kadhafi.
Des discussions initiées par le gouvernement Jospin
Comme le précise le document ci-dessus, les réunions ont été organisées « avec l’autorisation du gouvernement français », à l’époque dirigé par le socialiste Lionel Jospin, Premier ministre, avec Alain Richard au ministère de la Défense. Et elles se sont déroulées en présence de Jean-Paul Perrier, président de Thales International, la filiale chargée des exportations. Ainsi que du général Abdel Rahman Esseed. Cet officier supérieur de l’armée libyenne dirigeait alors le département chargé des acquisitions ; avec pour principale préoccupation d’obtenir des pièces détachées de nature à maintenir à niveau les différents régiments, malgré l’embargo qui frappait la Libye.
À cette période, les militaires du régime libyen exprimaient surtout le désir de mettre leur équipement aérien à niveau. À ce titre, ils demandaient à Thales de moderniser les systèmes électroniques des Mirages F1 (du groupe Dassault) acquis jadis à la France.
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