Débat sur l'islam : laïcs ou religieux, même malaise
Publié le dimanche 03 avril 2011 à 06h00
Des invités qui boudent, les représentants des différents cultes qui s'unissent pour dire non, un Nicolas Sarkozy qui s'entête à maintenir un débat qui déchaîne, déjà, les passions, et des musulmans qui observent tout ça avec inquiétude. Ce qu'ils en disent.
FLORENCE TRAULLÉ > florence.traulle@nordeclair.fr
Chez les Dahmani, à Tourcoing, on a le sens des traditions. Thé, gâteaux secs, hospitalité chaleureuse et... inquiétude réelle.
Fathia, 27 ans, infirmière, s'interroge sur la dénomination même de ce débat organisé par l'UMP. « On fait comme s'ils allaient parler de laïcité, alors que tout le monde a bien compris que le sujet, c'est l'islam. » Khadija, sa soeur, est formelle : « On se sent montré du doigt. Comme si on ne respectait pas, a priori, la laïcité ! Mais on parle de qui au juste ? Des quelques extrémistes, comme il y en a dans toutes les religions ou de l'immense majorité des musulmans qui vivent leur foi tranquillement ? » Elle-même avoue une pratique plutôt relâchée de son islam. « Je l'accommode à ma manière. Je fais le ramadan mais, pour le reste, ma religion c'est surtout des valeurs que j'essaye de mettre en pratique. Je ne me reconnais pas du tout dans les caricatures que j'entends. » Leur mère, Zohra, arrivée en France dans les années 70, approuve ses filles. « J'ai deux nièces qui portent le foulard et quand elles allaient à l'école, elles ne le mettaient pas. On respecte les lois. » D'ailleurs, sa cadette a fini, d'elle-même, par enlever ce foulard qu'elle a porté peu de temps et contre l'avis de sa mère « parce que je n'avais plus besoin d'afficher ma religion ». Elle a 19 ans, elle est étudiante, et elle se sent « d'abord française ».
Ici, la déclaration de François Fillon, il y a quelques semaines, à propos des « Français d'origine musulmane » a fait sursauter.
« C'est quoi d'origine musulmane ? » lance Fathia alors qu'Abdelmalik, son cousin, revient sur les propos de Marine Le Pen sur les prières de rue : « C'est marginal et c'est parce qu'ils n'ont pas, dans certaines villes, de mosquées dignes de ce nom. On a l'impression que quand il faut construire une mosquée, il va inévitablement y avoir des crispations. C'est désolant parce que c'est quand les musulmans sont obligés de prier dans des caves que ça craint. » À 31 ans, Abdelmalik, délégué de parents d'élèves dans l'école de sa fille, se sent moyennement concerné par la question religieuse. « Je ne pratique pas, je ne vais pas à la mosquée. Si je fais le ramadan, c'est surtout pour la famille » reconnaît-il, franchement agacé qu'« automatiquement, parce que tu es d'origine arabe, tu serais musulman. On n'a pas ce genre de raisonnement avec les "Français d'origine" qui ne sont pas, systématiquement, catalogués catholiques. Pourquoi ? » Mise à l'index Zine Sihem, présidente de Union for Palestine, a écrit une lettre ouverte à Jean-François Copé dans laquelle elle s'indigne de ce que « vous parlez des étrangers comme s'ils étaient un mal, alors que les richesses des pays viennent d'eux à travers la diversité ». Elle accuse la majorité actuelle d'« opposer les non-croyants aux croyants. Pourquoi les non-croyants ne devraient pas tolérer les croyants et en quel honneur auraient-ils plus de droits qu'eux ? » Du côté de l'association Égale, on parle d'une « mise à l'index intolérable d'une partie de nos concitoyens » et on accuse ce débat d' « encourager la peur, l'exclusion de l'autre, le repli communautaire et la division de notre société ». Un réquisitoire....../..... suite sur le site
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