Occitane CorseOccitane Corse
Il y a 3 heures, à proximité de Corbara, Corse
Salutu à Maria Gentile , Antigone Corse
I
Toccu sai Poghju d'Oletta
È attippatu Monticellu
Ferma in cim'à la culletta
A piaga d'un tempu ribellu.
II
Si tene una casa sfalata
Sopr'à lu vechju cunventu
Casarella scurnachjata
Muta d'un persu lamentu.
III
Casa mancu di signore
Ma puru à cantine strette
Ùn si misura soca l'onore
À u contu di le finestre.
IV
Una donna quì campava
À mezzu à la so ghjente
Maria Gentile chjamata,
Capu à sennu è core ardente.
V
Scuntrò giovana la stòria,
Fù quessu lu so distinu,
Intanata in la mimòria
D'un populu clandestinu.
VI
Supranava a resistenza
Cunsacrata la rivolta
Chì di Paoli l'indipendenza
Accinava al dilà l'Europa.
VII
Ma d'un maestru in schjavitù
Tandu sbarcò lu battaglione
À scaticà sempre di più
Cusi prumaticcia nazione.
VIII
Maria avia fattu l'abbràcciu
Liatu sincera prumessa
À paru à quellu innamuratu
Di a stessa pieve d'Oletta.
IX
Cù patriotti ellu fù chjappu
Da la réia truppa francese
D'incetta è di ladru pattu
Scunviatu puru u Ghjenuvese.
X
À la lestra cundannati
È sottumessi à la quistione
Prigiuneri macillati
Da la barbara legione.
XI
À contu paru impiccati
Dopu avelli troncu l'osse
Fratelli esposti marturiati
Sottu à le pagane forche.
XII
Paronu s'ellu ùn bastava
À paisani di fà dolu
U corbu solu inariulava
Sopr'à chjocchi à murtòriu.
XIII
Maria per santa sepultura
Trafrancata l'interdizzione
Spiccò u caru di bughjura
È l'appaghjò in linzulone.
XIV
À quellu chì di stirpìa
Insanguinava lu rughjone
Sì prisintò cusi Maria
Senza attu di cuntrizione.
XV
" Indegna hè la legge vostra "
Cappiò Maria à l'ufficiale,
" Ma una fiera anima Corsa
Ùn teme falsu tribunale ! ".
XVI
S'incanta quì a nostra pena
Pigliatu arcanu paragone
Cù quella surellina Greca
Contr'à stirpaccia di Creòne.
XVII
Di quessa pare la leziò
Ne turnò bòia scuzzulatu
Chì mai nimu misse in prigiò
Di nisun populu lu fiatu.
XVIII
Ùn usa più neru mendile
Per donne d'oghje in bandaglione
Salutu à tè Maria Gentile
Luminellucciu in bughjicone.
XIX
Piazza à lu vechju cunventu
Certe nuttate puru ancu avà
Dicenu chì un scemu ventu
Sì mette cume à trasparlà.
XX
Toccu sai Poghju d'Oletta
È attippatu Monticellu
Ferma in cima à la culletta
A piaga d'un tempu ribellu.
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Occitane Corse Jean-Claude Calassi.
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Occitane Corse C'est principalement par la tradition orale que l'histoire de Maria Gentile a été immortalisée. Le corps désormais pitoyable de son fiancé est (comme ceux de ses autres malheureux compagnons), encore exposé, en ce début d'automne 1769, sur la place du couvent Saint François d'Oletta, gardé par les soldats du roi, avec interdiction absolue à quiconque de s'en approcher.
Que faire face à un tel déploiement de moyens ? C'est que le village, en cette année 1769, a déjà payé un lourd tribut à la guerre. Voici ce que nous en rapporte Jacques Denis : " A Oletta sont recensés 87 feux et 97 demi-feux. Une proportion inhabituelle. En effet, nous avons effectué quelques sondages dans les pieve de Ghjunssani, Niolu, Caccia, et celle du Cap Corse. Pour ce qui concerne les demi-feux, on trouve une fourchette de 30 à 50 % ; à Oletta on approche les 90%... Toujours à Oletta, l'on recense 119 hommes pour 184 femmes, 62 d'entre elles sont veuves, 9 sont âgées de plus de 60 ans. Les 53 autres (sauf une) ont des enfants en bas-âge, dont 6 sont âgés d'un an, ce qui implique la présence d'un père dans les deux ans précédents tout au plus ".
Maria Gentile est alors à peine âgée d'une vingtaine d'années. Elevée selon le code de l'honneur corse, elle possède la passion des jeunes filles de son âge. Ce qui domine cependant en elle, par-dessus tout, c'est sa soif d'absolu.
" Comu ! Aghju persu u lumu di l'ochji, a luma di u cori, u punteddu vivu di a casa, è staraghju quicci à mani bioti, à spaddi scunsi di pinseri è di primura ... ? "La décision est désormais arrêtée : coûte que coûte, elle prendra, à la nuit tombée, au moment où la garde se fait moins vigilante, le petit chemin qui descend jusqu'au couvent depuis le promontoire de Monticellu, en contrebas du village de Poggio d'Oletta. C'est sa conscience qui la pousse. Comme Antigone, Maria Gentile va accomplir un acte inutile mais nécessaire, afin de donner à son fiancé une sépulture digne.
" …È vogliu renda u so duveru à l'omu. L'usanzi i mantinimu noi altri i donni, patroni di a rocca è di u focu di casa … "
L'intolérable serait de laisser sans tombeau les corps en décomposition, celui du frère pour l'une, celui du fiancé pour l'autre. Comme Antigone, Maria Gentile bravera la loi, parce que " un mort n'a pas besoin d'être tué deux fois ".
Sa mission accomplie, Antigone ira rejoindre son frère Polynice dans la mort. Pour elle, la loi de sa propre cité, la loi de sa - tragique - famille n'a plus aucun sens, la morale ne devant s'appliquer qu'aux vivants.
Maria Gentile, n'admet pas non plus l'implacable loi mais, contrairement à celle de Thèbes pour Antigone, cette loi-là est imposée de l'extérieur. C'est la loi du tyran qui va jusqu'à bafouer le culte des morts.
C'est finalement dans la mort qu'Antigone sera plus forte que Créon.
C'est en continuant à vivre, à lutter, que Maria Gentile pourra vaincre la loi barbare. Le combat, selon elle, doit être mené jusqu'à son terme, c'est ainsi. Le Créon de Maria Gentile se serait, dit-on, montré magnanime vis-à-vis de la jeune fille. Ne se trouve - t-il pas plutôt, sur l'instant, déstabilisé, décontenancé, par la formidable conviction qui émane d'elle ? Et tout autour, la répression ne continue-t-elle pas ?
Dans un déconcertant jeu de miroirs, portée par une logique sans doute encore inconsciente de vendetta, la solidarité fraternelle va s'inverser chez Maria Gentile. Comme il est d'usage en cas de mort violente du fiancé, Maria Gentile, femme de devoir mais femme libre, épousera le frère du malheureux, les mariages étant aussi des alliances entre familles.
Cependant, ici, la famille semble s'inscrire dans un cercle beaucoup plus large. Il en va même, peut être, de la sauvegarde des valeurs de son peuple, des valeurs de sa cité.
Maria Gentile, dans cette sorte d'intemporalité méditerranéenne, incarne ainsi, par une bien mystérieuse fusion, " l'anachronique modèle " de Sophocle. Il ne semble alors en aucune façon insensé d'affirmer que Maria Gentile n'imite pas Antigone ; que Maria Gentile n'a sans doute jamais connu Antigone ; parce que, tout simplement, Maria Gentile EST Antigone.
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mercredi 21 décembre 2011
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