Nadine Renucci (MELUSINE)PROPRIÉTAIRE
Discussion - 04:04VINGT SIECLES DE CLICHES SUR LA CORSE !!!!!! MISERE !!!! #corse
Ok !!!! J'ai encore mis une tartine !!! J'ai râté ma vocation : le journalisme façon " A la blonde " Allez !! Un P'tit effort ! Lisez le ! Je sais , je suis une belle emmerdeuse !!!! https://youtu.be/ISSj0o3bt9c
Chaque année, aux 250 000 habitants de l'île de Beauté s'ajoutent, le temps des vacances, 2 millions de visiteurs. Sont-ils vraiment « bienvenus chez les Corses » ? Absolument. D'abord parce que, ici, chacun sait que, sans le tourisme, la Corse serait dans une situation économique encore plus fragile qu'elle ne l'est. Ensuite parce que, comme tous les insulaires du monde, les Corses ont envie de savoir ce qui se passe ailleurs. C'est une constante de l'histoire de l'île attestée par les archives des XVIIIe et XIXe siècles : les Corses sont curieux des autres. Cela étant dit, le rythme, en accordéon, de la saison touristique constitue en soi un problème. Pendant l'automne, l'hiver et au début du printemps, l'île est dépeuplée. On s'y sent seul, isolé. Il m'arrive de parcourir 40 kilomètres sans rencontrer personne. Les villages sont déserts. Certains sont même fermés. N'oublions pas que la Corse détient, avec le département de la Lozère, le record de la plus faible densité d'habitants en France. Puis vient l'été. Soudain, c'est la surabondance. Les plages sont bondées. Des embouteillages se forment et... les grands commerces en profitent pour augmenter scandaleusement leurs prix. Ce qui constitue une source d'agacement généralisé. Bref, le trop-plein de la mi-juillet contrarie. Mais, dès la première semaine de septembre, le vide déprime. Mais quel type de relation, au juste, les Corses souhaitent-ils établir avec les touristes ?
Le mode d'emploi est très simple. Comme partout dans le monde, il faut se comporter avec naturel. Les Corses détestent les gens qui, comme dans L'Enquête corse (bande dessinée de Pétillon), exagèrent leur enthousiasme sur le mode : « Ils sont formidables, ces Corses, et leurs paysages sont fa-bu-leux. » Rien n'est plus maladroit et vain que de mettre ses sentiments entre parenthèses dans l'espoir d'être agréable aux Corses. Ces derniers préfèrent les touristes qui disent vraiment ce qu'ils ont sur le coeur. Y compris s'ils critiquent certains aspects de notre île et de ses habitants. Ah ? Les Corses ne sont donc pas aussi susceptibles qu'on le dit... Attention, il est permis de critiquer. Mais à condition que ces observations reposent sur des faits précis et des expériences vécues, et non pas sur des racontars ou des témoignages de seconde main. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas confondre susceptibilité et hostilité. Il est important de comprendre que, dans son rapport à l'autre, le Méditerranéen est souvent agressif, du moins, en apparence. Cela n'est pas méchant. Il s'agit seulement de taquiner son interlocuteur afin de déclencher chez lui une réaction qui débouchera sur une vraie discussion, laquelle permettra peut-être de savoir ce que l'étranger pense réellement de la Corse. Que les visiteurs se rassurent : dans le fond, les Corses sont des vrais gentils mais qui restent profondément maladroits dans leur rapport à l'argent et au commerce. Ils ont du mal à « vendre » leur île et à « se vendre » tout court. Une fois évacuée l'approche un peu agressive qui peut parfois exister, les Corses sont des gens adorables. En réalité, les frictions entre les Corses d'ici et ceux du continent sont beaucoup plus fréquentes qu'entre les îliens et les Français de métropole. Nombreux sont les Français de métropole qui considèrent cependant la Corse comme un endroit dangereux. Ils pensent qu'ils s'exposeraient à un risque de plastiquage s'ils achetaient une résidence secondaire sur l'île. Ils se trompent ? Rappelons, pour commencer, qu'une écrasante majorité de Corses regrettent les attentats et que les nationalistes radicaux recueillent moins de 8 % des suffrages lors des élections. Cela signifie que 92 % des Corses désapprouvent leur idéologie et leurs méthodes. Par ailleurs, environ 5 000 permis de construire sont délivrés chaque année. Or on dénombre, durant la même période, à peu près 80 plastiquages. Selon moi, ceux-ci sont en partie dus à des conflits de voisinage, à des problèmes de mur mitoyen ou à la jalousie ordinaire. Rien de tout cela ne concerne les estivants. En fait, tout dépend de la façon dont on perçoit les choses . Ne pas oublier aussi les français qui font tout et n'importe quoi ......Avec des dessous de table....Disons le !!!
Comme on sait, les clichés sur la Corse et les Corses sont légion. Ces derniers seraient ainsi violents par nature, orgueilleux, paresseux, etc. Comment en est-on arrivé à une telle caricature ? On attribue trop souvent à Prosper Mérimée (1803-1870) la paternité de ces préjugés. Il est vrai que, dans Colomba, un roman beaucoup plus subtil qu'on ne le croit, il insiste sur l'étrangeté de la Corse et les moeurs exotiques de ses habitants. Pour ma part, j'explique dans Le Complexe corse que ces clichés remontent au Ier siècle de notre ère et qu'ils concernaient également la Crète, mais aussi toutes les îles sauvages un tant soit peu éloignées de la civilisation. Pour le géographe grec Strabon, la Corse était un pays invivable du fait que la population, confinée dans les montagnes, pratiquait, selon lui, le brigandage et que, de surcroît, ses habitants étaient plus sauvages que des bêtes fauves. J'ai étudié à fond ces préjugés, dont l'aspect le plus intéressant est qu'ils possèdent toujours une double face, l'une positive, l'autre négative. Face A : le berger est un être pur qui vit d'eau fraîche et de fruits. Face B : ce même berger corse est un affreux brigand qui, du haut de ses montagnes, guette les bateaux naufragés dans l'espoir de dérober leur cargaison. Même chose pour le code d'honneur. Côté pile, c'est une vertu positive qui équivaut à la préservation d'une certaine identité ; côté face, sa conséquence première, la vendetta, aboutit à des tueries pour des motifs futiles. Cette ambivalence s'applique à la Corse tout entière, présentée alternativement comme un paradis ensoleillé naguère bercé par les roucoulades de Tino Rossi et comme un territoire balayé par des luttes tragiques menées par des maîtres éphémères. Les Corses eux-mêmes sont présentés de manière contradictoire dans leur relation à l'Etat. Ils sont à la fois hyperprésents au coeur de la fonction publique et cependant... réfractaires à l'assimilation dans la République. Cherchez l'erreur ! Le problème, c'est que l'on insiste toujours sur les détails les plus négatifs afin de valider les clichés qu'on souhaite entretenir. Voilà pourquoi l'on ignore trop souvent que 9 Corses sur 10 désapprouvent la violence et forment une population de braves gens attachés à leur identité.
Cependant, quelle est la part de vérité dans de tels clichés ?
Je l'ignore. Le problème est que les clichés se nourrissent d'eux-mêmes et finissent par adhérer à la peau des victimes de ces clichés. C'est une spirale sans fin. Ces préjugés sont jetés à la face des autochtones, lesquels traversent une crise d'identité forte, en raison des transformations sociales inhérentes à l'évolution du monde moderne. Et, faute de repères stables, ils imprègnent la Corse tout entière. A répéter que les Corses placent nécessairement l'honneur au sommet de leur échelle de valeurs, on se retrouve avec des adolescents qui deviennent les vecteurs d'une violence dite identitaire afin de se conformer au cliché.
Existe-t-il quelque chose que l'on puisse appeler « l'humour corse » ?
Oui. Le problème, c'est qu'il se manie un peu comme l'humour juif. Tout comme les juifs tolèrent les blagues antisémites à condition que celles-ci soient racontées par leurs coreligionnaires, les Corses n'apprécient guère que les non-Corses rient à leurs dépens. En revanche, lorsque nous sommes entre nous, nous ne manquons pas de moquer nos travers, qui sont très nombreux.
On dit ici que les Corses sont en avance sur la médecine moderne dans la mesure où les bienfaits de la sieste sur l'organisme font maintenant l'objet d'études scientifiques au niveau mondial...
C'est vrai que les Corses l'avaient déjà démontré ! Mais, en ce qui concerne le cliché de la paresse corse, rappelons que, pendant longtemps, les gens du Nord ne se sont pas rendu compte de ce que signifiait vivre sous un soleil écrasant. Ils voyaient les agriculteurs se reposer de 10 à 16 heures et en concluaient qu'ils ne travaillaient jamais. Pour ma part, je suis favorable au droit à la paresse. Dans la vie, le travail n'est pas une fin en soi. En France, on estime à 15 % le nombre de gens passionnés par leur boulot. Les 85 % restants s'y ennuient ferme. S'ils peuvent obtenir davantage de temps pour leurs loisirs et leurs congés, tant mieux ! Au reste, l'être humain n'est jamais totalement inactif : il réfléchit, il pense, il se détend. Ce qui n'a rien d'inutile. Au contraire. C'est là le sel de la vie.
La Corse, qui a donné à l'Europe un empereur, au Venezuela deux présidents (Raul Leoni et Jaime Lusinchi, dans les années 1960 et 1980) et à la France d'innombrables politiciens, aurait-elle un talent inné pour la chose politique ?
Non. A mon avis, cela tient plutôt à l'« effet Cocotte-Minute ». Historiquement, la Corse est une société comprimée par un couvercle où le regard de l'autre pèse constamment sur vos épaules. Autrefois, il fallait sans cesse faire attention à ce que l'on disait de peur de mettre en danger des alliances ou des liens de parenté. Bridé chez lui, le Corse ressentait, à l'extérieur de son île, une incroyable sensation de liberté. Soudain, toutes les forces utilisées, sur l'île, à résister à la jalousie et à la rumeur pouvaient se libérer et s'exprimer dans un projet positif. Napoléon, qui avait subi en Corse échec sur échec, incarne un tel schéma. Lequel, dans une certaine mesure, est encore valable aujourd'hui. Sur le continent, vous n'avez pas idée de ce que représente le qu'en-dira-t-on dans l'usu corsu (la coutume corse). C'est une chape de plomb. En Corse, on dit que la langue n'a pas d'os mais qu'elle peut rompre les os.
C'est à ce point insupportable ?
Je donne un exemple. Autrefois, quelqu'un dont un parent était assassiné devait théoriquement le venger, c'est-à-dire retrouver le tueur et le supprimer. Certains en avaient la force morale mais d'autres hésitaient. Dans ce dernier cas, on faisait alors « u rumbiccu » à l'intéressé. Cela consistait à faire pression en lui chuchotant tous les jours à l'oreille : « Eh ! dis donc, toi, tu n'es qu'une figue molle pour ne pas avoir encore vengé ton parent... » Quand vous subissez une telle violence quotidienne, vous finissez par péter les boulons. Alors, de deux choses l'une : soit vous quittez la Corse, soit, un soir d'ivresse, vous décrochez votre fusil de chasse pour aller venger votre parent. Le qu'en-dira-t-on, c'est invivable. Aujourd'hui encore, je suis convaincu que nombre de contentieux liés à des problèmes dérisoires de mur mitoyen se terminent dans le sang à cause de ce genre de « coutume ».
Que représente la montagne dans l'imaginaire corse ?
Bien que l'écrasante majorité des Corses vive sur le littoral, ils continuent à se penser comme des montagnards. C'est un peu comme la France, ce pays de citadins qui se considère toujours comme le grenier à blé de l'Europe. Autrefois, la plaine et le littoral étaient paludéens. A partir du printemps et jusqu'à la fin septembre, il fallait se réfugier en altitude afin d'échapper aux moustiques. C'est également là-haut que la population se repliait quand les Barbaresques, ces pirates musulmans, razziaient les villages pour capturer des esclaves et les emmener dans l'Empire ottoman, comme ils le firent jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Plus tard, au milieu du XXe siècle, après l'éradication du paludisme, le Corse s'est définitivement installé en plaine. Mais il est demeuré « aquaphobe ». Pour lui, l'eau est restée quelque part dans son inconscient le synonyme de malheur et de danger. Jadis, il ne savait pas nager. Ce pourquoi la plupart des pêcheurs étaient napolitains. Aujourd'hui, même si la mentalité montagnarde tend à s'estomper, elle perdure à travers ce qu'on appelle le campanilisme et l'« esprit de vallée ». D'un clocher à l'autre, d'une vallée à l'autre, les mentalités et les histoires locales changent radicalement. Dans l'extrême Sud, par exemple, les gens de Bonifacio sont différents de ceux de l'Alta-Rocca, dont les habitants, à leur tour, n'ont rien à voir avec ceux de la vallée, toute proche à vol d'oiseau, du haut Taravo. L'écrivain et journaliste Paul Silvani a, un jour, tout résumé en une formule : la Corse est un archipel. Cela reste vrai aujourd'hui. Notre avenir est dans les passerelles que nous saurons bâtir entre nous et avec le monde extérieur ; afin que tout le monde reste le bienvenu en Corse. Si vous croisez une blonde dans le Taravo ... C'est moi !!! Et si vous êtes en touristes , et que je vous dis : Ne faîtes pas ci , ne faîtes pas çà.....J'ai mes raisons !!! Après je ne suis plus responsable de votre personne !!!
BUONA GIORNATA ..è SAMEDI..RESTEZ POSITIVO .BASGI ♥ MELUSIN
Ok !!!! J'ai encore mis une tartine !!! J'ai râté ma vocation : le journalisme façon " A la blonde " Allez !! Un P'tit effort ! Lisez le ! Je sais , je suis une belle emmerdeuse !!!! https://youtu.be/ISSj0o3bt9c
Chaque année, aux 250 000 habitants de l'île de Beauté s'ajoutent, le temps des vacances, 2 millions de visiteurs. Sont-ils vraiment « bienvenus chez les Corses » ? Absolument. D'abord parce que, ici, chacun sait que, sans le tourisme, la Corse serait dans une situation économique encore plus fragile qu'elle ne l'est. Ensuite parce que, comme tous les insulaires du monde, les Corses ont envie de savoir ce qui se passe ailleurs. C'est une constante de l'histoire de l'île attestée par les archives des XVIIIe et XIXe siècles : les Corses sont curieux des autres. Cela étant dit, le rythme, en accordéon, de la saison touristique constitue en soi un problème. Pendant l'automne, l'hiver et au début du printemps, l'île est dépeuplée. On s'y sent seul, isolé. Il m'arrive de parcourir 40 kilomètres sans rencontrer personne. Les villages sont déserts. Certains sont même fermés. N'oublions pas que la Corse détient, avec le département de la Lozère, le record de la plus faible densité d'habitants en France. Puis vient l'été. Soudain, c'est la surabondance. Les plages sont bondées. Des embouteillages se forment et... les grands commerces en profitent pour augmenter scandaleusement leurs prix. Ce qui constitue une source d'agacement généralisé. Bref, le trop-plein de la mi-juillet contrarie. Mais, dès la première semaine de septembre, le vide déprime. Mais quel type de relation, au juste, les Corses souhaitent-ils établir avec les touristes ?
Le mode d'emploi est très simple. Comme partout dans le monde, il faut se comporter avec naturel. Les Corses détestent les gens qui, comme dans L'Enquête corse (bande dessinée de Pétillon), exagèrent leur enthousiasme sur le mode : « Ils sont formidables, ces Corses, et leurs paysages sont fa-bu-leux. » Rien n'est plus maladroit et vain que de mettre ses sentiments entre parenthèses dans l'espoir d'être agréable aux Corses. Ces derniers préfèrent les touristes qui disent vraiment ce qu'ils ont sur le coeur. Y compris s'ils critiquent certains aspects de notre île et de ses habitants. Ah ? Les Corses ne sont donc pas aussi susceptibles qu'on le dit... Attention, il est permis de critiquer. Mais à condition que ces observations reposent sur des faits précis et des expériences vécues, et non pas sur des racontars ou des témoignages de seconde main. Quoi qu'il en soit, il ne faut pas confondre susceptibilité et hostilité. Il est important de comprendre que, dans son rapport à l'autre, le Méditerranéen est souvent agressif, du moins, en apparence. Cela n'est pas méchant. Il s'agit seulement de taquiner son interlocuteur afin de déclencher chez lui une réaction qui débouchera sur une vraie discussion, laquelle permettra peut-être de savoir ce que l'étranger pense réellement de la Corse. Que les visiteurs se rassurent : dans le fond, les Corses sont des vrais gentils mais qui restent profondément maladroits dans leur rapport à l'argent et au commerce. Ils ont du mal à « vendre » leur île et à « se vendre » tout court. Une fois évacuée l'approche un peu agressive qui peut parfois exister, les Corses sont des gens adorables. En réalité, les frictions entre les Corses d'ici et ceux du continent sont beaucoup plus fréquentes qu'entre les îliens et les Français de métropole. Nombreux sont les Français de métropole qui considèrent cependant la Corse comme un endroit dangereux. Ils pensent qu'ils s'exposeraient à un risque de plastiquage s'ils achetaient une résidence secondaire sur l'île. Ils se trompent ? Rappelons, pour commencer, qu'une écrasante majorité de Corses regrettent les attentats et que les nationalistes radicaux recueillent moins de 8 % des suffrages lors des élections. Cela signifie que 92 % des Corses désapprouvent leur idéologie et leurs méthodes. Par ailleurs, environ 5 000 permis de construire sont délivrés chaque année. Or on dénombre, durant la même période, à peu près 80 plastiquages. Selon moi, ceux-ci sont en partie dus à des conflits de voisinage, à des problèmes de mur mitoyen ou à la jalousie ordinaire. Rien de tout cela ne concerne les estivants. En fait, tout dépend de la façon dont on perçoit les choses . Ne pas oublier aussi les français qui font tout et n'importe quoi ......Avec des dessous de table....Disons le !!!
Comme on sait, les clichés sur la Corse et les Corses sont légion. Ces derniers seraient ainsi violents par nature, orgueilleux, paresseux, etc. Comment en est-on arrivé à une telle caricature ? On attribue trop souvent à Prosper Mérimée (1803-1870) la paternité de ces préjugés. Il est vrai que, dans Colomba, un roman beaucoup plus subtil qu'on ne le croit, il insiste sur l'étrangeté de la Corse et les moeurs exotiques de ses habitants. Pour ma part, j'explique dans Le Complexe corse que ces clichés remontent au Ier siècle de notre ère et qu'ils concernaient également la Crète, mais aussi toutes les îles sauvages un tant soit peu éloignées de la civilisation. Pour le géographe grec Strabon, la Corse était un pays invivable du fait que la population, confinée dans les montagnes, pratiquait, selon lui, le brigandage et que, de surcroît, ses habitants étaient plus sauvages que des bêtes fauves. J'ai étudié à fond ces préjugés, dont l'aspect le plus intéressant est qu'ils possèdent toujours une double face, l'une positive, l'autre négative. Face A : le berger est un être pur qui vit d'eau fraîche et de fruits. Face B : ce même berger corse est un affreux brigand qui, du haut de ses montagnes, guette les bateaux naufragés dans l'espoir de dérober leur cargaison. Même chose pour le code d'honneur. Côté pile, c'est une vertu positive qui équivaut à la préservation d'une certaine identité ; côté face, sa conséquence première, la vendetta, aboutit à des tueries pour des motifs futiles. Cette ambivalence s'applique à la Corse tout entière, présentée alternativement comme un paradis ensoleillé naguère bercé par les roucoulades de Tino Rossi et comme un territoire balayé par des luttes tragiques menées par des maîtres éphémères. Les Corses eux-mêmes sont présentés de manière contradictoire dans leur relation à l'Etat. Ils sont à la fois hyperprésents au coeur de la fonction publique et cependant... réfractaires à l'assimilation dans la République. Cherchez l'erreur ! Le problème, c'est que l'on insiste toujours sur les détails les plus négatifs afin de valider les clichés qu'on souhaite entretenir. Voilà pourquoi l'on ignore trop souvent que 9 Corses sur 10 désapprouvent la violence et forment une population de braves gens attachés à leur identité.
Cependant, quelle est la part de vérité dans de tels clichés ?
Je l'ignore. Le problème est que les clichés se nourrissent d'eux-mêmes et finissent par adhérer à la peau des victimes de ces clichés. C'est une spirale sans fin. Ces préjugés sont jetés à la face des autochtones, lesquels traversent une crise d'identité forte, en raison des transformations sociales inhérentes à l'évolution du monde moderne. Et, faute de repères stables, ils imprègnent la Corse tout entière. A répéter que les Corses placent nécessairement l'honneur au sommet de leur échelle de valeurs, on se retrouve avec des adolescents qui deviennent les vecteurs d'une violence dite identitaire afin de se conformer au cliché.
Existe-t-il quelque chose que l'on puisse appeler « l'humour corse » ?
Oui. Le problème, c'est qu'il se manie un peu comme l'humour juif. Tout comme les juifs tolèrent les blagues antisémites à condition que celles-ci soient racontées par leurs coreligionnaires, les Corses n'apprécient guère que les non-Corses rient à leurs dépens. En revanche, lorsque nous sommes entre nous, nous ne manquons pas de moquer nos travers, qui sont très nombreux.
On dit ici que les Corses sont en avance sur la médecine moderne dans la mesure où les bienfaits de la sieste sur l'organisme font maintenant l'objet d'études scientifiques au niveau mondial...
C'est vrai que les Corses l'avaient déjà démontré ! Mais, en ce qui concerne le cliché de la paresse corse, rappelons que, pendant longtemps, les gens du Nord ne se sont pas rendu compte de ce que signifiait vivre sous un soleil écrasant. Ils voyaient les agriculteurs se reposer de 10 à 16 heures et en concluaient qu'ils ne travaillaient jamais. Pour ma part, je suis favorable au droit à la paresse. Dans la vie, le travail n'est pas une fin en soi. En France, on estime à 15 % le nombre de gens passionnés par leur boulot. Les 85 % restants s'y ennuient ferme. S'ils peuvent obtenir davantage de temps pour leurs loisirs et leurs congés, tant mieux ! Au reste, l'être humain n'est jamais totalement inactif : il réfléchit, il pense, il se détend. Ce qui n'a rien d'inutile. Au contraire. C'est là le sel de la vie.
La Corse, qui a donné à l'Europe un empereur, au Venezuela deux présidents (Raul Leoni et Jaime Lusinchi, dans les années 1960 et 1980) et à la France d'innombrables politiciens, aurait-elle un talent inné pour la chose politique ?
Non. A mon avis, cela tient plutôt à l'« effet Cocotte-Minute ». Historiquement, la Corse est une société comprimée par un couvercle où le regard de l'autre pèse constamment sur vos épaules. Autrefois, il fallait sans cesse faire attention à ce que l'on disait de peur de mettre en danger des alliances ou des liens de parenté. Bridé chez lui, le Corse ressentait, à l'extérieur de son île, une incroyable sensation de liberté. Soudain, toutes les forces utilisées, sur l'île, à résister à la jalousie et à la rumeur pouvaient se libérer et s'exprimer dans un projet positif. Napoléon, qui avait subi en Corse échec sur échec, incarne un tel schéma. Lequel, dans une certaine mesure, est encore valable aujourd'hui. Sur le continent, vous n'avez pas idée de ce que représente le qu'en-dira-t-on dans l'usu corsu (la coutume corse). C'est une chape de plomb. En Corse, on dit que la langue n'a pas d'os mais qu'elle peut rompre les os.
C'est à ce point insupportable ?
Je donne un exemple. Autrefois, quelqu'un dont un parent était assassiné devait théoriquement le venger, c'est-à-dire retrouver le tueur et le supprimer. Certains en avaient la force morale mais d'autres hésitaient. Dans ce dernier cas, on faisait alors « u rumbiccu » à l'intéressé. Cela consistait à faire pression en lui chuchotant tous les jours à l'oreille : « Eh ! dis donc, toi, tu n'es qu'une figue molle pour ne pas avoir encore vengé ton parent... » Quand vous subissez une telle violence quotidienne, vous finissez par péter les boulons. Alors, de deux choses l'une : soit vous quittez la Corse, soit, un soir d'ivresse, vous décrochez votre fusil de chasse pour aller venger votre parent. Le qu'en-dira-t-on, c'est invivable. Aujourd'hui encore, je suis convaincu que nombre de contentieux liés à des problèmes dérisoires de mur mitoyen se terminent dans le sang à cause de ce genre de « coutume ».
Que représente la montagne dans l'imaginaire corse ?
Bien que l'écrasante majorité des Corses vive sur le littoral, ils continuent à se penser comme des montagnards. C'est un peu comme la France, ce pays de citadins qui se considère toujours comme le grenier à blé de l'Europe. Autrefois, la plaine et le littoral étaient paludéens. A partir du printemps et jusqu'à la fin septembre, il fallait se réfugier en altitude afin d'échapper aux moustiques. C'est également là-haut que la population se repliait quand les Barbaresques, ces pirates musulmans, razziaient les villages pour capturer des esclaves et les emmener dans l'Empire ottoman, comme ils le firent jusqu'à la fin du XVIIe siècle. Plus tard, au milieu du XXe siècle, après l'éradication du paludisme, le Corse s'est définitivement installé en plaine. Mais il est demeuré « aquaphobe ». Pour lui, l'eau est restée quelque part dans son inconscient le synonyme de malheur et de danger. Jadis, il ne savait pas nager. Ce pourquoi la plupart des pêcheurs étaient napolitains. Aujourd'hui, même si la mentalité montagnarde tend à s'estomper, elle perdure à travers ce qu'on appelle le campanilisme et l'« esprit de vallée ». D'un clocher à l'autre, d'une vallée à l'autre, les mentalités et les histoires locales changent radicalement. Dans l'extrême Sud, par exemple, les gens de Bonifacio sont différents de ceux de l'Alta-Rocca, dont les habitants, à leur tour, n'ont rien à voir avec ceux de la vallée, toute proche à vol d'oiseau, du haut Taravo. L'écrivain et journaliste Paul Silvani a, un jour, tout résumé en une formule : la Corse est un archipel. Cela reste vrai aujourd'hui. Notre avenir est dans les passerelles que nous saurons bâtir entre nous et avec le monde extérieur ; afin que tout le monde reste le bienvenu en Corse. Si vous croisez une blonde dans le Taravo ... C'est moi !!! Et si vous êtes en touristes , et que je vous dis : Ne faîtes pas ci , ne faîtes pas çà.....J'ai mes raisons !!! Après je ne suis plus responsable de votre personne !!!
BUONA GIORNATA ..è SAMEDI..RESTEZ POSITIVO .BASGI ♥ MELUSIN
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