Carton rouge aux prédicateurs de l’apocalypse nucléaire
vendredi 18 mars 2011, par
Les lignes qui suivent n’ont pas vocation à plaider en faveur ou en défaveur du nucléaire. Seulement, il convient de fustiger l’attitude de certains politiques qui, indépendamment de la pertinence (ou non) de leurs idées, adoptent aujourd’hui une posture détestable.
Auteurs
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Waël Salem
Étudiant en troisième année de droit à l’Université Panthéon-Assas (Paris 2).
Mots-clés
Un débat sur le nucléaire ? Volontiers
Si le nucléaire civil compte certains avantages, comme sa quasi-absence de rejet de gaz à effet de serre, ou même l’indépendance qu’il apporte face au pétrole et au gaz, il serait vain et mensonger d’en occulter les inconvénients immenses. Au premier rang desquels l’on trouve le sort des déchets radioactifs et, surtout, le risque inhérent à ce mode de production d’énergie. Risque rappelé à notre souvenir par cette catastrophe nucléaire d’une violence et d’une gravité inouïes.
Face à un sujet si complexe, si crucial, et aux implications si étendues jusque dans nos vies quotidiennes - dans l’Union, près d’un tiers de l’électricité est d’origine nucléaire ! - un débat est plus que légitime : il est nécessaire.
Mais un débat dépassionné !
Car si nous devons nous interroger collectivement, et au niveau européen, sur le sort du nucléaire civil, peser soigneusement le pour et le contre, nous devons le faire à tête reposée, de manière dépassionnée. Ce afin d’aboutir à la décision la plus rationnelle possible.
Or, certains ne l’entendent pas de cette oreille, et semblent jouer sur le registre de la peur. Ils exploitent à chaud une catastrophe qui n’est même pas encore terminée, et dont personne ne sait où elle nous mènera.
Citons, entre autres, Mme Eva Joly, députée au Parlement européen qui manifestait dimanche dernier pour réclamer le retrait du nucléaire, à peine deux jours après le séisme et le tsunami meurtriers qui ont ébranlé le Japon.
M. Daniel Cohn-Bendit, Coprésident du Groupe des Verts au Parlement européen, quant à lui, plaidait le 15 mars dernier pour un référendum en France. Un référendum à propos duquel il déclare : « je suis persuadé qu’on peut gagner ». Ce n’est pas comme si le contexte ultra-anxiogène de la terreur atomique se prêtait particulièrement à une telle victoire des anti-nucléaires, n’est-ce pas ?
Comble de l’ironie, « Dany-le-vert » se défend de toute « indécence », se disant nettement plus volontiers « opportun ». Ou comment faire rimer opportunisme et décence. On marche sur la tête.
N’en déplaise à M. Cohn-Bendit, il est bel et bien indigne de jouer ainsi sur les instincts les plus primaires de nos concitoyens alimentés par une peur légitime face à un cataclysme dont on ne saisit pas encore la portée, mais qu’on devine immense. Et d’autant plus lorsqu’un tel procédé vient occulter l’horreur que les Japonnais sont en train de vivre à l’heure actuelle.
Un peu de décence, que diable !
Les détracteurs du nucléaire civil ne manquent pas d’arguments rationnels et légitimes pour dénoncer cette source d’énergie, alors pourquoi surfer ainsi sur la vague de l’émotion ?
Face à un tel comportement, digne – au hasard – d’un Sarkozy que nos amis écologistes manquent rarement d’attaquer, à raison, l’incrédulité cède place à la déception…
Car à l’heure où le Japon est encore très loin d’avoir terminé de compter ses morts et tandis que la température des quatre réacteurs continue de grimper, voir ainsi l’attention médiatique « confisquée » par les anti-nucléaires, les débats et autres réunions a quelque chose de malsain, d’amoral. On sentirait presque poindre, sans vraiment oser y croire, une certaine jubilation morbide – que l’on espère involontaire – derrière ces toutes récentes déclarations nous exhortant à sortir du nucléaire sur un ton qui n’est pas sans rappeler le « j’vous l’avais bien dit ! » des cours d’écoles.
Pour pouvoir tirer toutes les conséquences de cette catastrophe, et prendre les décisions qui s’imposent, encore faut-il avoir la patience et la décence d’en attendre la fin.
Espérons cependant que Fukushima permettra un nouvel essor des énergies renouvelables, ainsi qu’une sécurisation accrue de nos centrales nucléaires .
Mais le risque zéro est une utopie.
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